Leader français du jouet en bois jusqu’en 1985, l’usine Dejou, implantée à Arpajon-sur-Cère dans le Cantal, a produit plus d’une centaine de modèles dont son fameux attelage auvergnat. Des modèles et une histoire à découvrir jusqu’au 17 novembre, à la salle de la Vidalie.
De l'usine familiale, il ne reste quasiment plus rien. Hormis une cheminée, qui se dresse encore fièrement, tout a disparu.
Arrière-petit-fils du fondateur de Dejou, Alain Lartigue se souvient. « C’était une usine très importante, qui a rythmé travail de 250 personnes en permanence pendant des années ».
Fondée en 1872, l’usine Dejou produisait des meubles et des ustensiles en bois, comme des poignées d’ombrelle ou de parapluies. Ce n’est qu’en 1935 que l’entreprise a décidé de diversifier sa production.
« Au départ, ils ont fabriqué un attelage auvergnat qu’ils ont envoyé à tous leurs revendeurs. Cela a eu un tel succès qu’ils ont décidé de se lancer dans le jouet. Ils ont d’abord fait un certain nombre de jouets pour les garçons, et un peu pris de court car il fallait faire un catalogue très rapidement, ils ont fabriqué une poussette pour les filles. Ils ont aussi créé des reproductions de meubles de jardin pour les poupées qui étaient vraiment magnifiques. Tous ces jouets étaient des reproductions vraiment parfaites. Ce n’était pas des jouets stylisés mais des jouets de la vie ».
Pour retracer l'histoire de ce fleuron industriel, Alain a travaillé sans relâche, pendant 10 ans. Son objectif: réunir tous ces jouets en bois, fabriqués dans l’usine d’Arpajon-sur-Cère.
« J’ai eu le déclic lorsque j’ai rencontré un monsieur qui avait une très belle collection. J’ai été surpris de voir que les jouets Dejou se collectionnaient, et j’ai eu envie de m’associer à lui, car sa collection manquait d’âme et d’explications. Je me suis ensuite mis à en chercher et j’en ai trouvé dans des brocantes, des vide-greniers ou encore sur internet. Des gens m’en ont également donnés, des gens qui étaient plutôt contents que ça revienne à la source ».
Cahier de croquis en main, Jean Belaigues, 81 ans, redécouvre avec émotion les modèles qui ont bercé son enfance à Gioux-de-Mamou.
« Mes parents n’avaient pas beaucoup d’argent… J’avais un cousin qui travaillait à l’usine Dejou. Il y récupérait les jouets qui avaient des petits défauts et à Noel, il s’ammenait avec un sac à pommes de terre en toile de jute et on avait chacun un jouet. On était super heureux ».
180 références sur les 370 de la marque sont exposées, dont certaines, très rares, comme une reproduction du Berlier T100, le plus gros camion du monde, datant de 1958.
Des jouets en bois qui ne supporteront pas l'arrivée des modéles réduits en plastique. En 1985, l'usine cantalienne ferme définitivement ses portes. Transformant ces jouets en objets de collection.