Composter signifie recycler les déchets verts de la maison et de la cuisine. Tous les déchets permettent d’obtenir un terreau riche, idéal pour le potager. Mais attention certaines pratiques sont à bannir. Un expert vous éclaire sur le compost.
Avec les beaux jours qui arrivent, l’envie de jardiner s’empare sans doute de vous. Un terreau naturel va s’avérer précieux : il s’agit du compost. Mais attention, certains gestes sont à bannir. Didier Flipo, maraîcher bio dans le Cantal, qui gère la chaîne YouTube “Mon potager plaisir” nous donne quelques conseils. Il commence : “Pour le compost, soit on prend un composteur, comme ceux que proposent les communes, soit on prévoit un petit carré d’à peu près un mètre cube. La bonne idée est de l’avoir pas trop loin de la cuisine car souvent, si on le met trop loin, on a la flemme de mettre les choses au compost. On peut rappeler que si le compost est bien fait, il n’y aura pas d’odeurs”.
Le travail des bactéries et des champignons
Le maraîcher explique le phénomène naturel qui se produit pendant le compost : “Quand on met les matières organiques au compost, il va y avoir des bactéries et des champignons qui vivent dans ce compost. L’essentiel du travail va être fait par ces bactéries et ces champignons, et aussi quelques petits animaux. Tout cela va se nourrir de matières carbonées. Ils vont faire du compostage : ils vont humifier ces matières organiques et les transformer en humus”. Tout va se biodégrader progressivement pour faire simple, au fil des mois. Il précise : "Pour qu’un compost soit mûr, il faut compter six mois”.
Un allié du potager
Le résultat du compostage est très utile : “Ce que l’on va obtenir, on peut le mettre au jardin. C'est quelque chose qui va nourrir sur le long terme. Si je sème des radis, je ne vais pas mettre aussitôt du compost parce que le temps que le compost fasse effet, les radis seront ramassés depuis longtemps. C’est davantage un travail de fond. On va faire un amendement sur le long terme en fait et du coup on en met régulièrement, on peut en mettre deux à trois fois par an, par exemple”.
Ce qu'il faut éviter
Mais peut-on tout mettre au compost ? Didier Flipo répond : “On y met tous les déchets de cuisine, avec quelques petites nuances : il faut éviter toutes les alliacées, c'est à dire ail, oignon, échalote. On évite d’abuser des agrumes et également les plantes aromatiques parce que ces trois familles sont des plantes qui sont très riches en en certaines huiles essentielles connues leurs propriétés fongicides et bactéricides. Si on en met trop, on va freiner le compost”. Il ajoute : “On peut mettre toutes les épluchures, les restes de légumes. Il y a des personnes qui mettent de temps en temps un peu de viande : ce n’est pas forcément un problème. Le risque est d’attirer les rats. C'est pareil pour le poisson. Il y a aussi un risque d’odeurs mais ce sont des matières qui vont se composter. On peut mettre les fruits exotiques”.
L'ajout de paille
Didier Flipo ajoute : “On peut éviter un reste de soupe, pour ne pas avoir un compost détrempé. On peut mettre le fromage, les coquilles d’œuf. Cela fera un petit apport de calcaire dans le jardin, ce qui est plutôt bien”. Il précise : “Si on s’aperçoit que le compost commence à plus ressembler à une pourriture, il faut le remuer, l’aérer un peu. On peut rajouter éventuellement un peu de foin ou un peu de paille. On va mieux équilibrer le carbone et l'azote”. Didier Flipo explique à quoi ressemble un bon compost : “Un joli compost, en cours de compostage ne sent pas mauvais, il ne doit être ni sec ni détrempé. Il faut une humidité intermédiaire. Une fois qu’il est mûr, ça va ressembler à du terreau. Il va sentir comme une odeur de sous-bois".
La question du gazon
Il distille encore un conseil : “On peut y mettre du gazon mais il faut faire attention à ne pas mettre une grosse couche d’un coup. Il est préférable de faire sécher le gazon avant. Sinon ça va pourrir. Si le compost est trop humide, on peut mettre une tôle ou une bâche, en faisant attention à ce que ça puisse respirer. Il faut juste poser sur le dessus”. Didier Flipo conclut : “Je conseille de faire du compostage de surface plutôt que du compostage en tas. On va mettre directement au potager tous les déchets de cuisine, en les étalant. La bonne astuce est de couvrir de paille. Pour le paillage permanent, on glisse les déchets dessous. Tous les bénéfices iront pour le potager”. A vous de jouer !