Economie. De la Réunion au Cantal, l'aventure d'une jeune créatrice de jouets en bois made in Auvergne

À l'approche des fêtes de Noël, l'atelier de l'entreprise Plop à Aurillac tourne à plein régime. Les machines laser découpent et gravent des morceaux de stratifié de chêne pour en faire des planches de motricités fines et sensorielles. Des jouets en bois, made in Auvergne, designés et fabriqués par Fanny Nicolezeau, une jeune cheffe d'entreprise qui a promené son sens du commerce de l'Occitanie jusqu'à l'île de la Réunion. Une aventurière de la microentreprise.

"Le Cantal, c'est 500.000 vaches pour 140.000 habitants !". Fanny Nicolezeau, 32 ans, le reconnaît sans peine, son installation dans le Cantal, vrai département rural, a été difficile. "Ce qui a été compliqué, c'est de repartir de zéro. D'arriver dans un département sans attache sociale ou professionnelle. Et sans le moindre contact. On dit d'ailleurs qu'il faut au moins trois ans pour s'intégrer ici".

Originaire de la Lozère, la jeune femme est pourtant très sociable. Avec ses cheveux roux et ses tatouages sur les bras, elle est même "solaire", selon plusieurs de ses amies. Un don, renforcé par ses études, un master de marketing et de communication obtenu à Montpellier, et par ses débuts professionnels dans l'évènementiel sur l'île de la Réunion. Une île tout aussi volcanique que le Cantal mais plus ensoleillée et probablement plus chaleureuse. C'est là-bas, au cœur de l'océan Indien, qu'elle est tombée amoureuse d'un gendarme mobile basé à Aurillac, qui l'a convaincue de venir vivre à ses côtés.

Esprit d'entreprise

Dans le Cantal, Fanny Nicolezeau commence par tenter sa chance dans l'organisation d'évènements, mais doit jeter l'éponge trois ans plus tard, faute de clientèle suffisante. L'esprit d'entreprise chevillé au corps et convaincue des bienfaits des machines laser, qui permettent de découper et de graver les matières fines, elle crée successivement deux sociétés spécialisées dans la conception et la fabrication d'objets de décoration en bois : des ronds de serviettes à tête de renne, des boîtes à bijoux ou des tapis de souris en liège. 

Jusqu'au jour où la nounou de ses deux filles lui demande une planche de jeux qui puisse s'adapter sur un meuble de rangement d'une célèbre marque suédoise. C'est la révélation, celle du jouet en bois made in Auvergne, qui permettra aux enfants de 10 mois à 6 ans, de travailler leur motricité et leur imagination. Inspirées de la pédagogie Montessori, ses planches conviennent aussi parfaitement aux enfants dyspraxiques, ainsi qu'aux personnes âgées. Son produit devient même 100% écolo, depuis que Fanny le fabrique avec des chutes de stratifié de chêne, rachetées auprès d'un fabricant de meubles du secteur, plutôt qu'avec du bouleau allemand.

Pandas, licornes et calèches

Elle fonde alors une nouvelle société, Plop, et dessine six planches, ornées de dessins originaux : les chevaux de la calèche d'Aurillac (qui ramasse les sapins dans la ville après les fêtes), des pandas (comme le doudou de sa fille), des licornes, des recettes de cuisine...

L'idée, c'était de travailler au maximum dans un circuit court et en économie circulaire. L'objectif, c'est de vendre un produit fabriqué localement, à un prix raisonnable pour le rendre accessible à tous et de le commercialiser dans de grandes boutiques de jouets.

Fanny Nicolezeau, PDG de Plop

Le grand saut

Une fois ses modèles designés, la jeune PDG de Plop lance une campagne de financement participatif sur la plateforme Ulule, qui lui permet de réaliser ses premières ventes et de dégager un peu plus de 3000€ de trésorerie pour financer les tests en laboratoire et décrocher la certification CE (qui atteste de la conformité aux normes de l'Union européenne). Et, en ce mois de décembre 2023, c'est le grand saut, le lancement de son site de vente en ligne sur internet.

Le projet entrepreneurial de la jeune femme aura donc mis plusieurs mois à se préciser. Et parmi les structures qui l'ont aidée à définir son modèle, il y a l'association Landestini, fondée par l'animatrice Fanny Agostini, ancienne présentatrice de Thalassa sur France 3, et son compagnon franco-américain Henri Landes. Ils ont créé à Aurillac un incubateur, qui accompagne les candidats à la création d'entreprise. C'est l'un de ses bootcamps, un stage intensif de cinq jours, qui a relancé Fanny. "Au niveau entrepreneurial, j'étais un peu à bout de souffle", explique la jeune cheffe d'entreprise."Ils ont réussi à me redonner l'envie d'entreprendre. La formation a été intense et très pertinente. Et ce qui a été important pour moi aussi, c'est le suivi, une supervision d'une matinée par mois pendant un an. Cela m'a permis d'acquérir les compétences pour devenir cheffe d'entreprise, surtout sur le plan du dépassement de soi, de ses pensées. Je n'en serais pas là aujourd'hui sans cet accompagnement".

L'émission L'info en + climat, consacrée à la création d'entreprises écoresponsables en zone rurale, c'est dans Ici 19/20 ce samedi 9 décembre à 19h05 sur France 3 Alpes et France 3 Rhône-Alpes. Présentation :  Lise Riger. Rédaction en chef : Françoise Boissonnat et Laurent Mazurier

Et déjà disponible sur france.tv