Fanny Agostini : "La protection de la biodiversité va de pair avec la préservation de notre santé"

La présentatrice Tv Fanny Agostini, qui vit en Haute-Loire, participe au concours Miss Bio. L’occasion de mettre en avant son ONG LanDestini, pleine de projets qui font encore un peu plus sens au regard de cette crise du coronavirus que nous vivons. Entretien.  
 

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Fanny Agostini, vous connaissez sans doute sa bonne humeur à la télévision. Mais désormais, c’est à son ONG, LanDestini, basée en Haute-Loire, en faveur de l’environnement qu’elle consacre son énergie et sa notoriété. Son projet : « Vous donner envie de vous reconnecter à la terre, à la nature et à la ruralité pour contribuer à la protection du vivant » en passant notamment par une alimentation saine et une agriculture durable. Loin de l’éloigner de ses objectifs, la crise du coronavirus renforce ses convictions.  Elle est sélectionnée avec 10 autres candidates pour incarner Miss Bio 2020.    

Que représente ce concours de Miss Bio pour vous ?

Ce concours peut, d’un premier abord, paraître superficiel mais derrière tout ça, il y a une sélection de 10 femmes extrêmement engagées pour la protection de l’environnement. Il y a des personnes précieuses dans cette sélection et je suis très honorée d’en faire partie. Je suis très heureuse de pouvoir mettre en avant mon ONG, LanDestini, à travers cette nomination qui fait écho à des actions de terrains concrètes qu'on a mis en place en un peu plus d'un an. 

A quoi sert un titre comme celui de Miss Bio ?

L’idée c’est de pouvoir lever des fonds et d’attribuer ces fonds à un programme d’éducation à l’alimentation destiné à la jeunesse. Ce programme s’appelle « Champions de l’alimentation durable et de la biodiversité » et nous l’avons déjà engagé dans de nombreuses écoles en Auvergne comme au lycée George Pompidou à Aurillac, au lycée Pierre et Marie Curie à Clermont-Ferrand, dans des écoles primaires de Haute-Loire. L’idée de ce programme c’est de passer par l’assiette pour aborder toutes les questions de notre alimentation donc bien sûr de notre agriculture. Il s’agit de comprendre comment nous produisons notre alimentation pour comprendre comment nous pouvons préserver la biosphère et la biodiversité à travers ce quotidien qu’est celui de manger.
On travaille activement avec les élèves et les professeurs tout au long de l’année scolaire dans la salle de classe et sur le terrain dans des fermes environnantes pour que les enfants aient une vision très concrète du problème et des solutions. En se penchant sur la provenance et la production des produits que l’on mange, ils s’aperçoivent que la solution est bel et bien locale !


Quel écho la crise du coronavirus trouve-t-elle dans ce projet ?

On voit bien comment la marchandisation et la globalisation de la production de notre alimentation sont à l'origine de dérives. Elles concernent bien entendu l'agriculture intensive qui menace la biodiversité mais aussi des pathologies, des pathogènes qui peuvent migrer d’un continent à un autre, très rapidement, grâce à cette mondialisation des échanges. Ce qui est survenu récemment avec cette crise du Covid vient nous conforter dans l’idée que nous devons absolument relocaliser le système alimentaire. On travaille en ce sens avec les écoles en Auvergne. On espère pouvoir doubler, tripler, quintupler le nombre d’écoles adhérentes au programme en septembre !

Quelles leçons tirez-vous de cette crise sanitaire ?

Je me dis qu’on est capable de s’organiser en très peu de temps ! L’humanité a de la ressource et du ressort ! A partir du moment où on est confronté à l’adversité, on est capable de beaucoup de créativité et de solidarité, d’énormément de lucidité et c’est précieux ! J’espère qu’on conservera et pérennisera ce positif-là ! C’est un vrai enjeu. La question est maintenant : comment transforme-t-on l’essai et comment passe-t-on d’une expérience dure, foudroyante et insolite à quelque chose qui nous permette de bâtir un avenir sur de nouvelles bases ? Je pense qu’il restera des traces extrêmement positives de cette crise mondiale.

Sur quelles bases aimeriez-vous construire l’avenir ?  

C’est forcément relocaliser un certain nombre de choses mais ça ne veut pas dire un repli sur soi des régions et des pays. Il y a du bon dans la mondialisation. Bien sûr qu’on a besoin d’interactions et d’échanges marchands avec les autres pays ! La conscience écologique doit profiter de cette mondialisation pour se diffuser dans tous les territoires. L’enjeu est planétaire mais les solutions sont diverses et locales pour mieux consommer, mieux produire, mieux utiliser les ressources. On doit miser sur le caractère particulier de chaque territoire. En ce sens, je trouve que l’Auvergne a un avenir fabuleux avec des atouts qu’il faut absolument mettre en avant. Cultivons notre différence !

Cette conscience écologique n’est-elle pas reléguée au second plan par cette crise sanitaire ?

Les deux sont liées ! Quand on remonte la pelote de laine, on comprend que la protection de la biodiversité va de pair avec la préservation de notre santé. On ne peut pas vivre en bonne santé sur une planète malade, une planète qui s’appauvrit. On ne peut pas créer du PIB à l’infini avec des ressources qui s’amenuisent et que l’on détruit. Je crois que l’écologie, la biodiversité comme la santé sont prioritaires pour qu’on puisse vivre à plus de 7 milliards d’êtres humains sur cette planète dans de bonnes conditions. Tout est lié. Regardez cette piste présentée par un labo, d’utiliser les anticorps d’un lama pour lutter contre le Covid 19 ! Ca fait sourire mais on se rend compte que la biodiversité est un formidable réservoir de soin depuis toujours. Donc la mettre à mal, c’est aussi se tirer une balle dans le pied en se privant de la fabuleuse pharmacopée qu’est la nature.
 

Le Covid booste-t-il nos bonnes résolutions écologiques ?

Le consommateur n’est pas responsable des dérives industrielles, agro-alimentaires,… Un moment donné, il y a plusieurs étages dans la fusée. Bien sûr le politique et la législation doivent mettre un coup de collier pour interdire des pratiques polluantes et des pratiques insoutenables sur le plan environnemental. Il y a aussi toutes ces économies parallèles grâce aux solutions proposées par des entrepreneurs ! Elles demandent juste à être industrialisées pour changer d’échelle. Je pense que l’économie créative doit prendre le pas sur les anciennes méthodes de prédation de l’environnement.

Y aura-t-il un avant et un après Covid 19 ?

Oui bien sûr ! Ca a mis un coup d’accélérateur et ça a activé plein de bonnes idées. Ceux qui étaient déjà engagés dans des démarches environnementales sont encore plus motivés aujourd’hui. Et ceux qui étaient encore un peu frileux, n’hésitent plus. Je me dis que les pionniers sont déjà en place, il y a tout un tas de suiveurs et les irréductibles finiront bien par se rendre à l’évidence !
 
 

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