Journées sans smartphone : pour les gendarmes de montagne de Murat (Cantal), le téléphone portable sauve des vies

Le 6 février débutaient les journées mondiales sans smartphone. Pour certains, elles sont l’occasion de déconnecter des écrans. Mais, pour le peloton de gendarmerie de Murat (Cantal), le smartphone est un outil indispensable pour aider les blessés ou les égarés. Il peut même sauver des vies.

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Les smartphones sont souvent pointés du doigt : addictifs, mauvais pour les yeux, trop prenants, on leur prête bien des travers. Pourtant, pour les gendarmes du peloton de montagne de Murat (Cantal), les smartphones ont été une véritable révolution dans la prise en charge des victimes d’accident de montagne, ou même simplement des promeneurs égarés. Cet outil est vite devenu indispensable : en 2020, 3 victimes, en arrêt cardiaque, ont pu être réanimées par le PGM de Murat : autant de vies sauvées par l’utilisation du smartphone pour prévenir les secours et localiser les blessés.

Les délais de prise en charge raccourcis

En cas d’avalanche, les smartphones ont également augmenté les chances de survie des victimes : « Avant, le témoin devait descendre en ski dans la vallée, récupérer un téléphone dans une maison et donner l’alerte. Bien souvent, c’était fini, il y avait des délais trop importants », explique l’adjudant-chef Crasez, gendarme au PGM (Peloton de Gendarmerie de Montagne) de Murat depuis 20 ans. « Le smartphone a tout changé. C’est un objet unique qui remplace 4 ou 5 appareils qu’on avait avant sur nous. Avant, on partait en montagne avec une radio, un GPS, un appareil photo, une carte et une boussole. Maintenant, on a un téléphone qui fait tout en même temps et surtout, qui fait office de lien d’alerte. » Un outil unique et efficace qui permet d’alléger son équipement, mais surtout, indispensable pour secourir rapidement les victimes d’accident de montagne.

Des informations en temps réel

Cet équipement est désormais essentiel au bon déroulement des enquêtes et à la prise en charge des accidents : « Avant, soit les gens se débrouillaient pour redescendre, même blessés ou perdus, soit c’était très difficile d’aller les chercher. Maintenant, les victimes appellent beaucoup plus facilement les secours », constate Jean-Michel Crasez. Le smartphone permet également aux militaires de se renseigner sur les zones d’escalade lorsqu’ils sont en intervention : « Au lieu d’avoir un bouquin qui nous dit qu’il y a 8 longueurs, que la victime est coincée dans la cinquième longueur qui passe en traversée, on télécharge le topo en direct pendant le secours et on sait exactement ce qui nous attend. On arrive sur zone, on fait les comptes rendus Whatsapp avec notre groupe et celui du SAMU », ajoute-t-il. En cas d’intervention de l’hélicoptère, les smartphones peuvent permettre de communiquer avec le pilote si la radio ne passe pas. Ils servent également à communiquer avec les familles des victimes et à les rassurer sur l’état de santé de leur proche.

Une application pour localiser les promeneurs perdus

Pour les promeneurs, skieurs ou cyclistes égarés en montagne, le PGM de Murat passe désormais par l’application GendLoc : elle permet aux forces de l’ordre de recevoir directement les coordonnées GPS depuis le téléphone des personnes perdues. Grace à ces informations, les gendarmes peuvent les guider jusqu’à leur véhicule ou les ramener sur un sentier balisé, par téléphone. « On leur envoie un texto avec un lien et le téléphone de la victime nous répond avec les coordonnées GPS. Sur notre écran d’ordinateur, on sait exactement où ils sont et comment les ramener », précise Jean-Michel Crasez. Pour les randonneurs surpris par la nuit, le flash du téléphone portable sert de lampe de poche et évite aux gendarmes, comme c’était parfois le cas, d’aller secourir des personnes rattrapées par la nuit sans lampe frontale.

Un outil de prévention

Mais le smartphone joue également un rôle essentiel dans la prévention des accidents. Il permet aux promeneurs déjà engagés en montagne d’appeler pour demander en temps réel des renseignements ou une réorientation pour éviter les zones dangereuses. « C’est un outil qui est fantastique, c’est presque la clef de voûte du montagnard. On recommande de toujours préparer un téléphone avec une réserve de batterie. C’est un couteau suisse en fait. C’est aussi un moyen de véhiculer des conseils, on se sert beaucoup de Facebook », ajoute le militaire. Pour pouvoir renseigner les montagnards et garantir un maximum de sécurité lors des interventions, les gendarmes utilisent également leur mobile pour communiquer en temps réel sur les conditions du manteau neigeux par exemple ou se renseigner auprès des guides d’Auvergne sur l’état des circuits. Pour Jean-Michel Crasez, une journée sans téléphone équivaudrait à « revenir 20 ans en arrière ».

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