Quelque 300 personnes atteintes de la maladie de Lyme s'apprêtent à porter plainte, estimant avoir été victimes de négligences ayant entraîné des retards de diagnostic, a annoncé mercredi 20 décembre leur avocat.
"Environ 300 personnes vont porter plainte auprès du procureur de la République de Paris, et ce n'est qu'une première vague", a déclaré à l'AFP Julien Fouray, qui compte porter ces dossiers début janvier, avec sa consœur Catherine Faivre, confirmant une information de RMC.
Les plaignants comptent viser l'Agence du médicament (ANSM) et le Centre national de référence de Strasbourg, dont ils dénoncent le manque de vigilance face à des tests non fiables.
Ils leur reprochent "des conflits d'intérêt et une violation des règles d'indépendance en matière d'expertise", un "trafic d'influence", des "abus de biens sociaux et recel d'abus de biens sociaux" et une "mise en danger de la vie d'autrui", a détaillé Me Fouray.
"Ce sont avant tout des malades qui, pour certains, ont engagé des procédures pour faire reconnaître la responsabilité civile des laboratoires et qui sont révoltés par certaines déclarations selon lesquelles la maladie n'existe pas ou de manière marginale", a-t-il ajouté.
Les deux avocats représentent en effet déjà des patients qui poursuivent cinq laboratoires au civil (DiaSorin, BioMérieux, Siemens, Euroimmun et Bio-Rad).
La plainte ne serait pas la première. En février, une malade résidant dans le Cantal et défendue par un autre avocat, Philippe Meilhac, avait porté plainte, également à Paris, pour "tromperie aggravée".
Cela avait abouti à une enquête préliminaire, toujours en cours, du pôle santé publique du parquet, a-t-on appris mercredi de source proche du dossier.
Pour Me Fouray, cette nouvelle plainte pénale "est un cri d'alarme, une manière de placer l'État face à ses responsabilités" et "de demander mesures d'urgence, comme d'écarter certains responsables qui n'ont plus l'indépendance nécessaire".
La maladie de Lyme, infection transmise par les tiques, peut provoquer de nombreux troubles invalidants et douloureux.
D'un diagnostic difficile, elle a longtemps été sous-estimée et le ministère de la Santé a relevé en 2016 son estimation du nombre de cas en France à 55.000, contre 33.000 l'année précédente.