Potager, lessive... comment recycler les cendres de votre cheminée

Pour réutiliser les cendres de sa cheminée et éviter de les jeter, les épandre dans le potager peut être une solution. Si les cendres de bois sont riches en oligoéléments, leur utilisation en trop grande quantité peut nuire à la vie du sol. Voici ce qu’il faut faire et ne pas faire.

Société
De la vie quotidienne aux grands enjeux, découvrez les sujets qui font la société locale, comme la justice, l’éducation, la santé et la famille.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "Société". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

Après l’hiver, plutôt que de jeter les cendres de la cheminée à la poubelle, certains jardiniers préfèrent les épandre dans leur potager. Si cette technique est assez populaire, elle ne fait pas l’unanimité. Par exemple, Didier Flipo, maraîcher bio dans le Cantal et animateur de la chaîne Youtube Mon Potager Plaisir, recommande une utilisation des cendres avec parcimonie. Elles sont, selon lui, à éviter en cas de sol calcaire : « D’abord, c’est assez riche en calcium et en potassium. Le problème, c’est que si on a un sol qui est plutôt calcaire, c’est une mauvaise idée d’aller rajouter encore du calcium qui va venir accentuer les défauts de ce sol. Sur un sol calcaire c’est donc vraiment à éviter. Même sur un sol qui n’est pas calcaire, ce n’est pas une bonne idée d’en avoir trop non plus. On risque d’empêcher une bonne assimilation du fer. Comme les animaux et les humains, les plantes ont besoin de fer pour un bon développement. »

Attention au potassium

En Auvergne-Rhône-Alpes, les sols calcaires ne sont pas légion mais pour autant, Didier Flipo pointe un autre danger de l’utilisation excessive de cendre : « En Auvergne-Rhône-Alpes, on a des sols un peu plus acides donc pourquoi pas, mais on aura le problème de l’excès de potassium. En effet, c’est très rare qu’un sol manque de potassium. En en rajoutant, on risque d’en avoir trop. Un excès de potassium dans un sol handicape le développement des mycorhizes. » Les mycorhizes sont, selon lui, une symbiose entre la racine de la plante et les champignons qui vivent dans le sol. « Par cette symbiose, ces champignons fournissent de nombreux oligoéléments et de l’eau aux plantes et donc leur permettent d’être d’autant plus fortes. C’est une sorte de multiplication des racines de la plante. Ça fait le même travail qu’une racine mais c’est moins fatigant pour la plante. Si on apporte trop de potassium, on va empêcher leur bon développement et c’est comme si on coupait les racines de notre plante, qui sera beaucoup moins efficace pour se nourrir et pour boire », explique Didier Flipo.

Cendres, oui, mais avec parcimonie

L’expert du potager recommande donc d’utiliser cet engrais naturel en petite quantité : « On fait beaucoup plus de dégâts en mettant trop de cendres qu’en n’en mettant pas du tout. Pour donner un ordre d’idée, sur un sol calcaire on évite carrément, et si on a un sol plutôt acide, ce sera une poignée par mètre carré et par an. La cendre a quand même des oligoéléments qui sont intéressants pour les plantes, c’est bien d’en mettre un petit peu, mais il ne faut pas en abuser. On peut aussi le disposer au pied des haies ou des arbres fruitiers, mais toujours avec la quantité d’une poignée par mètre carré. » Didier Flipo explique comment utiliser la cendre une fois récoltée dans le poêle ou la cheminée : « Si on a allumé avec des cagettes, c’est bien de la tamiser pour enlever les agrafes. Ensuite, on enlève les petits blocs de charbon même si ce n’est pas très grave si il y en a. Le bois, qu’il soit plus ou moins carbonisé, va nourrir le sol. Le plus simple, c’est de la conserver à l’abri dans des sacs poubelle et d’aller l’épandre au mois de mars-avril, au printemps. C’est le moment où ce sera le plus rapidement disponible pour les plantes. Au jardin, les eaux de pluie vont emporter le potassium et le lessiver, il ne faut pas le faire quand le temps est pluvieux. »

Utiliser le reste de cendres pour la lessive

Une fois la cendre épandue avec parcimonie, ne jetez pas le reste ! En effet, Didier Flipo lui connaît d’autres usages : « On peut faire sa lessive avec ! Le truc, c’est de remplir un seau aux trois quarts avec de la cendre bien tamisée. On finit de remplir le seau avec de l’eau et on remue une ou deux fois par jour. Au bout de 48 heures, on le filtre, en le passant par exemple dans un tissu ou un sac en toile de jute. Il faut quelque chose qui tamise assez fin. Ça nous donne un jus un peu sirupeux qu’on utilise exactement comme une lessive. Eventuellement, on peut ajouter quelques gouttes d’huiles essentielles, de lavande par exemple, pour donner une odeur sympa. Sinon, l’odeur de la lessive de cendre est neutre ». Selon Didier Flipo, la composition est proche d’une lessive classique : « En faisant ça, on dissout le potassium, qui est très soluble. On a une eau riche en potasse, l’un des éléments qui permettent de faire des produits pour laver. »

La cendre contre les limaces, une fausse bonne idée

En revanche, évitez d’utiliser les cendres contre les limaces, conseille Didier Flipo : « Ca, je ne recommande pas parce qu’il faut quand même en mettre une bonne quantité pour faire une barrière pour les limaces. A la première pluie, c’est fini, il n’y a plus rien, et la grosse quantité qu’on est obligé de mettre représente bien plus qu’une poignée par mètre carré. En croyant lutter naturellement contre les limaces, on va en fait avoir de gros impacts négatifs sur la vie du sol, alors que ça va très peu aider contre les limaces. » En effet, la cendre peut être une formidable alliée pour le jardinier, mais aussi son ennemie si elle est mal utilisée.

Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité