Jardinage : pourquoi il ne faut absolument pas brûler ses déchets verts

L’automne est une saison où les jardiniers collectent de nombreux déchets verts. Trop souvent ils sont tentés de les brûler, ce qui est polluant. Des alternatives simples existent pourtant pour s’en débarrasser.
 

Avec le confinement, vous êtes sans doute tenté de vous occuper davantage de votre jardin. Son entretien génère en moyenne 160 kg de déchets verts par personne et par an. Pour s’en débarrasser, 9 % des foyers les brûlent, ce qui représente près d’un million de tonnes par an, bien que cette pratique soit interdite depuis de nombreuses années. Laurent Battut est le président du VALTOM, la collectivité publique en charge de la valorisation et du traitement des déchets ménagers du Puy-de-Dôme et du nord de la Haute-Loire. Il explique : « Cela représente plusieurs conséquences. Il y a des risques d’incendie mais aussi des troubles de voisinage causés par l'odeur et la fumée. Ce brûlage dégrade la qualité de l’air et nuit à l’environnement et à la santé. On constate sur Clermont Auvergne Métropole que 7 tonnes de particules fines sont émises chaque année à cause du brûlage des déchets verts, ce qui représente un peu plus de 1% des émissions totales du territoire ».

Une pratique interdite

En plus d’être polluant, le brûlage est interdit. Dans le Puy-de-Dôme, l’arrêté préfectoral du 2 juillet 2012 précise l'interdiction permanente du brûlage à l’air libre ou à l’aide d’incinérateurs individuels des déchets végétaux et non végétaux des particuliers. Cette pratique est même passible d’une contravention de 450 euros. Des arrêtés spécifiques sont pris par département pour réglementer les différentes modalités, en distinguant en général le cas des déchets verts ménagers et assimilés de celui des activités agricoles et forestières.

Ces déchets verts constituent une ressource

En automne on constate plus de brûlage de déchets verts qu’à d’autres saisons. « Les feuillent tombent. Il y a eu des coups de vent donc des branches à ramasser. Les gens au lieu, à minima d’aller en déchetterie, les brûlent trop souvent dans leur jardin. C’est vrai à la campagne mais aussi en zone pavillonnaire » confie Laurent Battut. Il ajoute : « Ces déchets verts constituent une ressource. On peut les réduire avant de les valoriser. On peut aussi choisir d’autres essences dans son jardin, comme éviter les thuyas à pousse rapide qui posent de gros problèmes en termes de volume de déchets produits. Ces déchets verts aident au compostage. On peut faire du broyage, du paillage. Les feuilles constituent un amendement utile et nécessaire pour avoir un compost de qualité ». Laurent Battut précise : « En dernier recours, pour les branches les plus volumineuses, les déchetteries sont ouvertes, même pendant le confinement. Les syndicats intercommunaux, qui gèrent ces structures, disposent pour la plupart de broyeurs de grande dimension. Les communes de leur territoire peuvent utiliser ce broyat ou l’utiliser en amendement pour les composteurs ».
 

En brûlant ces déchets, on se prive d’un super amendement

Didier Flipo est maraîcher bio basé à Sansac-Viernazès dans le Cantal. Depuis 2016, il gère la chaîne YouTube Mon Potager Plaisir qui totalise plus de 49 000 abonnés, où il donne ses conseils en vidéo pour les jardiniers en herbe ou confirmés. Lui aussi se met en rogne quand il voit des personnes brûler leurs déchets verts : « Contrairement à ce qu’on pourrait croire, c’est très polluant. On rejette beaucoup de monoxyde de carbone. Un feu de plein air ne se fait pas dans un foyer fermé, du coup il y a beaucoup de chaleur qui s’en va. Ca ne chauffe pas suffisamment pour pouvoir ne pas être polluant ». Il poursuit : « En brûlant ces déchets, on se prive d’un super amendement pour notre jardin potager. C’est presque indispensable si on veut améliorer son autonomie dans le jardin. En gros, si on brûle on se débarrasse d’engrais et on va aller ensuite en acheter dans un magasin. C’est relativement aberrant ».

Un compost en tas

Didier Flipo propose des alternatives simples pour ses déchets verts : « L’idée est de composter ses déchets verts pour pouvoir petit à petit transformer cette matière organique pour en faire quelque chose assimilable par les plantes du jardin potager. Il y a deux options. On peut composter en tas ou en surface. Dans le premier cas, on peut réaliser un tas de compost classique comme on en voit souvent. Il faut faire attention à avoir un mélange relativement bien équilibré, avec un mélange de déchets fibreux et plus verts. On peut y mettre par exemple quelques tontes de gazon, une taille de haie, ou ajouter les déchets végétaux du potager. Après en déchets plus fibreux on peut trouver du foin ou des branches broyées, des feuilles mortes, des fougères. L’idée est de diversifier au maximum. On va laisser ce tas de compost tranquillement tout l’hiver et on pourra l’utiliser au printemps pour utiliser la terre de son jardin potager. On peut éventuellement le brasser une fois ou deux ». Le jardinier affirme : « Il faut surveiller, si le tas n’est pas abrité, qu’il ne croupisse pas s’il y a un excès d’eau. Des bactéries et des champignons vont venir décomposer les matières organiques pour en faire quelque chose d’assimilable par les plantes. Il y a aussi des insectes, des vers qui vont s’y promener, plein d’alliés du potager ».

Un compostage en surface

Une autre solution est le compostage en surface. « On étale les matières organiques sur le sol du jardin potager. L’avantage de cette méthode est de protéger le sol des rigueurs de l’hiver. Cela va constituer un petit manteau qui va nourrir les micro-organismes mais en plus il va les protéger des trop grands froids hivernaux. Si on ne l'a jamais fait il ne faut pas en mettre une trop grosse couche, et commencer par 5 à 10 cm. Quand on voit au cours de l’hiver que c’est grignoté petit à petit, on peut en rajouter un peu » raconte Didier Flipo. Voici donc quelques conseils utiles pour éviter de brûler systématiquement ses déchets verts. Sachez que 50 kg de déchets verts brulés équivalent à 13 000 km parcourus avec un véhicule diesel récent.


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