Valjouze est la plus petite commune du département du Cantal, avec 25 habitants. C’est là qu’a choisi de s’installer depuis un an un couple et leurs deux enfants, venus de Normandie. La famille ne regrette en rien cette installation dans ce tout petit village.
C’est un tout petit village niché dans le Cantal, entre Murat et Massiac. Valjouze compte 25 habitants, faisant d’elle la plus petite commune du département. Ici, les maisons sont perchées à 865 m d'altitude, sur 304 hectares, entre le bourg et un petit plateau situé un peu plus haut. Massiac et Saint-Flour sont à 20 minutes de route de Valjouze.
C’est dans ce petit village que Fanny et François Boulven, respectivement âgés de 40 et 34 ans, ont emménagé en octobre 2022, avec leurs enfants Julia, 7 ans, et Sacha 10 ans. Ils n’ont pas résisté à l’appel de la tranquillité de la vie à la campagne et ont quitté leur Normandie. Fanny raconte : « Valjouze était au départ notre maison de vacances. On a décidé de s'y’installer l’année dernière. On venait de Normandie, de la campagne havraise. On est venus pour la qualité de vie. On habitait dans une région très industrialisée. On avait du travail, tout allait bien, mais il y avait la frénésie de la consommation, tout à proximité. On voulait revenir aux sources. Valjouze c’est l’idéal ».
Une meilleure qualité de vie
La mère de famille est ravie de sa nouvelle vie dans le Cantal : « Ici la qualité de vie est 10 milliards de fois meilleure que celle d’avant. On habitait à la campagne, on avait un grand jardin de 5 000 m² et une belle maison. Mais on était entre Exxon et Total. On faisait tout le temps plein de choses. On s’est rendu compte que cela passait trop vite. On voulait revenir aux sources. J’ai eu un cancer en 2019 et on a voulu changer de vie pour offrir à nos enfants une meilleure qualité de vie ». Fanny travaille dans le ferroviaire. Son entreprise lui a accordé du télétravail à 100 %. « Mon mari a fait une reconversion : il vient de terminer sa formation pour être conducteur de trains à la SNCF. Il sera affecté à Aurillac, à 50 minutes d’ici. Il y a une antenne-relai pas loin de chez nous. Je me connecte en 4G et je suis connectée au VPN toute la journée et cela se passe très bien. Il y a de petites coupures de temps en temps mais je travaille à 100 % en télétravail. Je dois aller au Havre une fois tous les 3 mois. Cela se passe très bien ». Les enfants sont scolarisés à Massiac, à 25 minutes du village. « Les enfants prennent le car scolaire qui est à 50 m de la maison. C’est super bien. Valjouze est un village isolé, mais pas tant que ça finalement. On est à 20 minutes de points importants » indique la quadragénaire.
"On ne sort la voiture que deux fois par semaine"
Valjouze n’a plus de commerces mais cela ne pose pas de problème pour Fanny : « Au début, ça a été un peu contraignant de faire sans commerces dans la commune. Mais comme on voulait une consommation raisonnée, on mutualise aussi les déplacements. Les enfants font du sport à Saint-Flour donc je fais les courses pendant ce temps-là. On ne sort la voiture que 2 fois par semaine pour le sport et les courses. Mon empreinte carbone est bonne ». La mère de famille est fière d’habiter dans ce petit village : « Valjouze a une qualité d’air qui est magnifique. On est à 900 m d’altitude donc c’est l’idéal. On est beaucoup moins stressés et moins speed. Il n’y a pas un bruit, il n’y a pas de voitures. On dort bien. On a été accueillis comme jamais. Je ne dirais pas que c’est une famille mais quand on a un souci, on appelle le maire. Dans nos villages, en Normandie, le maire ne s’occupe pas de choses aussi futiles. Ici c’est à taille humaine. On se sent en sécurité. On se sent protégés du stress ambiant, par la nature, les paysages. Valjouze c’est magnifique l’hiver avec la neige. On ne regrette pas du tout notre choix ». Dès son arrivée, la famille a été très bien accueillie : « Il y a une solidarité entre les habitants. Quand on est arrivés, les gens nous connaissaient à peine. On était avec des copains et les habitants nous ont offert le couvert, le petit-déjeuner ! ».
Plus d'actifs que de retraités
A Valjouze, l’habitant le plus âgé a 80 ans, le plus jeune 7 ans. La commune a connu jusqu’à 170 habitants, au XVIIIe siècle, puis la population a baissé, pour remonter ensuite au XIXe siècle. Elle s’est stabilisée autour de 25 habitants. A l’année, le village compte plus d’actifs que de retraités. On trouve ainsi un salarié de la SNCF, un enseignant, un médecin. Ils travaillent à Massiac ou à Saint-Flour. Eric Job est le maire (SE) de la commune depuis 1995. Il met en avant la solidarité des habitants : « Lorsqu’on est une petite commune, tout le monde doit mettre la main à la patte. On organise chaque été des journées citoyennes : ce sont des temps forts où il y a jusqu’à 60 personnes qui se réunissent. L’été, la population peut monter jusqu’à 70 à 80 habitants. Lors de ces journées, on monte des chantiers, avec des chefs d’équipe : on refait une toiture, on refait de l’électricité dans un bâtiment communal, on remonte un garage qui s’est écroulé, on fleurit le village. Les gens ne comptent pas vraiment leur temps. Ce sont des journées de solidarité car on partage des repas en interne ». Le maire est fier de voir ses habitants nombreux pour les cérémonies qui ont lieu au monument aux morts : « Il y a à chaque fois 25 à 30 personnes », insiste-t-il. A Valjouze, il y a un service de transport à la demande, un boulanger itinérant, le ramassage scolaire qui emmène les enfants à Massiac ou Saint-Flour. Pour faire leurs courses, les habitants vont à Ferrières-Saint-Mary, à 3 km ou à Massiac et Saint-Flour. Il n’y a plus une seule maison à vendre à Valjouze. La moitié des habitations sont des résidences secondaires. La fibre n’est pas encore arrivée mais la commune dispose de la 4G. La fibre devrait être installée d’ici deux ans.
Des habitants solidaires
Eric Job souligne qu’il fait bon vivre dans son village : « Il y a beaucoup de solidarité, d’entraide. Les gens sont prêts à donner un coup de main. On a décidé de créer un gîte dans le village. Le jour où on a voulu le meubler, on n’a pas eu à acheter un seul élément : les gens ont donné des canapés, des télés, des frigos, des fours, des lits, de la vaisselle. Je crois que les habitants sont fiers d’appartenir au village. Lorsqu’il était question de créer des nouvelles communes, tout le monde y était très opposé car les habitants sont attachés à leur identité de commune. C’est un village qui est très joli, très fleuri, paisible. On est dans un écrin de verdure, à la limite de la forêt, d’un plateau avec un panorama à 360 degrés. Il y a aussi une petite rivière ». Le budget de la commune avoisine les 80 000 euros. « On essaie de trouver des financements pour faire des projets, réaliser des travaux. La commune n’est pas endettée malgré tous les travaux » rappelle le maire. Valjouze tire son nom de la vallée joyeuse. A entendre le maire et ses nouveaux habitants, la commune porte bien son nom.