Les livres font-ils partie des biens de première nécessité ? Le ministre de l'Economie a évoqué ce matin la possibilité d'une réouverture des librairies. Pour l'association des libraires de notre région, les conditions de sécurité sanitaire ne sont pas réunies.
Concurrence d'Amazon, vente de livres en supermarchés : dès la mise en place des règles de confinement, des libraires d'Auvergne-Rhône-Alpes ont dénoncé une inégalité de traitement pour leur activité, déjà fragile.
"Ethiquement, dans quel monde on vit, si le confinement profite à une entreprise comme Amazon ?", s'interrogeait David Piovesan, libraire à Villard-de-Lans, en Isère.
Dans un communiqué, le syndicat de la librairie française estimait, hier, que "la poursuite des commandes et des retraits de livres via la grande distribution ou Amazon" représentait "une hérésie sanitaire et une concurrence déloyale" et appelait "le gouvernement à y mettre fin".
Communiqué du Syndicat de la librairie française
Invité de France Inter ce jeudi matin, le ministre de l'Economie a réagi aux préoccupations des libraires indépendants en estimant que "les libraires sont effectivement un commerce de première nécessité".
"Je suis prêt à rouvrir cette question", a ajouté Bruno Le Maire. "Je suis prêt à regarder avec le reste du gouvernement, le ministre de la Culture, le Premier ministre, ce qui peut être fait sur les librairies", a-t-il déclaré.
Les librairies sont-elles des "commerces de première nécessité" ? Bruno Le Maire pense que oui https://t.co/SADEyz9Wxl #coronavirus pic.twitter.com/BgiUVd0jYY
— France Inter (@franceinter) March 19, 2020
Pas de réouverture souhaitée
"Les conditions d'une réouverture des librairies ne sont pas encore réunies", ont répliqué les professionnels de l'Association Libraires en Auvergne-Rhône-Alpes, qui compte 115 librairies adhérentes dans notre région."Dans le souci de protéger leurs clients, leurs salariés et les livreurs, les librairies ont, dans leur quasi totalité, suspendu tout service de retrait et de livraison et renoncé à une ouverture lorsque la vente d'autres produits comme la presse les y autorisait", poursuit l'association.
Fermer les opérateurs de vente en ligne
"Le coût économique pour notre profession sera considérable et nous avons tous hâte de rouvrir et de retrouver les lecteurs mais, aujourd'hui, la priorité sanitaire prime sur tout autre enjeu, y compris financier".Plutôt que de rouvrir leurs boutiques, les libraires demandent que les règles qui s'appliquent à leurs commerces soient imposées "aux opérateurs qui continuent, comme si de rien n'était, de vendre et de livrer des produits définis comme « non indispensables » dans la période actuelle".
Des salariés d'Amazon ont, de leur côté, invoqué leur droit de retrait et ont débrayé à Montélimar, dans la Drôme. Ils estiment ne pas disposer de suffisamment de matériel pour se protéger de la propagation du virus.
La direction d'Amazon a assuré de son côté, que toutes "les recommandations et directives du gouvernement et des autorités sanitaires locales" étaient suivies dans tous les sites du groupe en France.