Les professionnels du mariage nagent en plein doute à l'aube de la pleine saison. Malgré le déconfinement, les futurs mariés sont nombreux à reporter leurs noces face aux contraintes sanitaires.
L'amour plus fort que le coronavirus ? Les futurs mariés sont partagés quant au maintien de leurs noces cet été, malgré le déconfinement. Se marier en pleine crise sanitaire, c'est faire une croix sur la liste d'invités à rallonge, les embrassades et imaginer ses convives portant de "jolis" masques.
Pour l'heure, les rassemblements de plus de 10 personnes sont interdits... Mais pour combien de temps ? Face à l'incertitude, 60% des couples se mariant entre juin et août ont décalé les cérémonies à 2021, d'après un sondage réalisé en mai auprès de 2 920 personnes par "Le site du mariage".
C'est le cas de Marie-Julie qui devait se marier en mai dans l'Ain. La cérémonie a été reportée en septembre, mais beaucoup d'incertitudes demeurent : "Nous devons nous marier à l’église. Et pour l’heure, le prêtre n’a reçu aucune réponse. C’est encore le flou… Est-ce que les rassemblements seront autorisés au mois de septembre ? Et surtout est-ce que les invités voudront se rassembler ?", confie-t-elle à nos confrères de La Savoie.
La plupart des couples espèrent être fixés le 2 juin, lors du nouveau point d'étape du gouvernement alors que l'exécutif juge, pour le moment, préférable de repousser les mariages. Les professionnels du secteur ont, eux aussi, l'impression de naviguer à vue. "Le plus dur, c'est de ne pas avoir d'informations", déplore Virginie Racano, décoratrice et organisatrice de mariages aux Echelles (Savoie) depuis onze ans.
Les trois mois d'arrêt dûs au confinement vont avoir des répercussions sur son activité pendant "deux ans". La professionnelle, qui organise une quarantaine de cérémonies par an en Isère, Savoie et Haute-Savoie, va devoir faire une croix sur une bonne partie d'entre eux. Car certaines mairies annulent les mariages d'office, quand d'autres préfèrent attendre des directives plus précises.
Il faut dire que la crise du Covid-19 tombe très mal, à l'aube de la saison des mariages. Les prochains clients de Virginie Racano se diront "oui" début août mais là encore, rien n'est sûr. Et sur les 22 célébrations qu'elle devait assurer d'ici à la fin de l'année, 16 ont été reportées en 2021, chamboulant son calendrier pour l'année à venir.
Tout un secteur en danger
Au début de la crise, Virginie Racano avait adressé une lettre au ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, pour l'interpeller sur la situation des professionnels du mariage. Un secteur qui "génère plus de 3 milliards d’euros par an en France", écrit-elle dans un édito "coup de gueule" sur son site Internet. "Nous sommes là, nous existons, nous sommes des professionnels du mariage et nos entreprises génèrent de l’emploi, des richesses et participent au développement économique de notre pays."
Photographes, traiteurs, fleuristes... Autant de professions impactées par la crise, et qui doivent aujourd'hui s'adapter aux contraintes du coronavirus. Certains DJ comme Mikael Duval, professionnel lyonnais, envisagent des jeux à table plutôt que des danses collectives, ou des pistes avec marquages au sol.
Mais "l'alcool aidant, on sait très bien que ce ne sera pas respecté, c'est juste pour se donner bonne conscience", coupe le DJ qui assure 150 mariages par an. "Attendez avant de paniquer et tout annuler", conseille-t-il toutefois aux fiancés. La situation "peut encore évoluer".
Alors que son activité est mise à mal, l'organisatrice de mariages des Echelles n'imagine pas s'arrêter là. Celle qui s'investit dans son "métier passion" depuis une dizaine d'années a connu "beaucoup de coups durs", et elle essaie de voir les bons côtés de cette crise. "De nouveaux réseaux se sont montés, constate-t-elle. Maintenant, tous les professionnels du mariage sont unis pour faire entendre nos revendications d'une seule voix."