Coronavirus. Les professionnels du mariage prévoient une "saison noire"

Avec le confinement, de nombreux couples ont décidé de reporter ou d’annuler leur mariage cette saison. Les professionnels du secteur, dans l’incertitude, craignent une perte de revenus considérable et lancent un "cri d’alerte".  

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Ce devait être le jour le plus heureux de leur vie. Celui qu’ils attendent avec impatience  depuis plus d’un an.  A la place, "on ne va rien faire !". Clémence et Loïc devaient s’unir le 23 mai à Charnay (Rhône). Impossible avec l’épidémie de coronavirus. Ils ont décidé de reporter leur noce en décembre, hors-saison. "Pour l’instant, on le prend assez bien, souffle la jeune Lyonnaise de 29 ans. On ne réalise pas trop."

Le confinement sera levé d’ici la date initialement prévue. "Mais on se dit qu’il vaut mieux décaler, plutôt que les gens soient stressés et n’osent pas se faire d’accolade", ajoute-t-elle.

Malgré tout, l’issue semble heureuse pour ce couple d’amoureux. Mais, pour les professionnels du secteur, ces reports et autres annulations sont un cauchemar. "On s’attend à une année blanche, confie Karine Foricher, wedding-planner à Peyzieux-sur-Saône (Ain). 
 

Reports et annulations en cascade

Cette auto-entrepreneure depuis 2013 organise habituellement entre deux et trois mariages par mois sur une période allant d’avril à octobre. Cette année, elle estime qu’elle ne pourra en assurer qu’un tiers au total. "Tous mes mariages jusqu’en juillet ont été reportés. J’attends maintenant de voir si les mariés d’août et de septembre diront oui", indique-t-elle, incertaine.

Si ses prévisions sont justes, Karine risque de perdre près des deux tiers de son chiffre d’affaire annuel. "Je vais me serrer la ceinture !, dit-elle, dans un rire nerveux. Les acomptes de 30% ont été donnés il y a un ou deux ans déjà. Les soldes devaient m’être versés un mois avant les mariages. Mais, comme ils ne sont pas célébrés, ça fait une année à zéro"

Même chose chez les photographes. "Si je n'avais pas fortement capitalisé ma SARL depuis sa création, une situation pareille aurait pu me faire mettre la clef sous la porte", témoigne Laura Rodrigues, à la tête d’un studio photo à Belleville (Rhône).

Pour cette artiste qui emploie un salarié, les mariages représentent une grande part des revenus de son entreprise. Or, sur la quinzaine de cérémonies qu’elle devait couvrir cette année, la moitié a été reportée ou annulée. "Je risque de perdre au moins 25% de chiffre d’affaire, calcule-t-elle, soucieuse. Si les mariages d’août et de septembre sont aussi annulés, ça peut être beaucoup plusJ’ai déjà un employé en chômage technique. Je ne sais même pas quand il va pouvoir réattaquer".
 

La crainte d’une crise pendant au moins deux ans

Cette perte économique en 2020 risque de se répéter l’année prochaine. "Les reports de dates de mariages bloquent des gens que j’aurais pu programmer pour 2021, explique Karine Foricher. Donc, c’est un manque à gagner pour l’année prochaine, car je vais faire moins de mariages que ce qui était prévu."

"Pour nous, c’est la double peine, renchérit Mélissa Humbert-Ferrand, officiante de cérémonie laïque à Saint-Etienne-des-Oullières (Rhône). On vit de janvier à juin sur les acomptes de l’année précédente. Le reste se fait  grâce aux soldes. Or, cette année, rien. Et, les mariés de 2020 réservent des dates de report en pleine saison 2021 que je ne pourrai pas proposer aux mariés de 2021. Ce sont donc deux années noires qui s’annoncent. »
 

L’inquiétude grandissante des professionnels du secteur


Fleuristes, traiteurs, bijoutiers, organisateurs de voyages de noces, décorateurs, photographes, wedding-planners, DJ, gérants de lieux de réception… Toutes les professions du secteur du mariage sont impactées.

Mélissa Humbert-Ferrand a créé il y a dix jours une plateforme pour mettre en relation prestataires et particuliers de la région dans cette période incertaine. "On a tous les mêmes angoisses, résume-t-elle. On ne sait pas si on va pouvoir payer nos charges, ni comment on va être aidés…"

L’inquiétude grandit d’autant plus, que la demande chute fortement pour l’an prochain. "D’habitude, à cette période, on a des rendez-vous, des projets... Et là rien n’arrive !, constate-t-elle, impuissante. Tout est à l’arrêt pour 2021. Avec le climat actuel, les gens n’arrivent pas à se projeter." 

Dans un communiqué qui tente d’alerter les pouvoirs publics, l’officiante de cérémonie laïque a lancé "un cri d’alerte des petits artisans du secteur du mariage", face au risque de "devoir abandonner si leurs contraintes spécifiques ne sont pas prises en compte". Elle-même devra certainement prendre un autre travail en complément pour s’en sortir.
30 000
C'est le nombre de mariages célébrés en Auvergne-Rhône-Alpes chaque année.
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