Avec la vague de chaleur, travailler sous le soleil ou à l'intérieur sans climatisation devient à la limite du supportable. Pourtant, aucun texte de loi ne règlemente le travail dans ces conditions et c'est aux employeurs d'évaluer les risques.
Chaleur et labeur ne font pas bon ménage, mais difficile d'y échapper en plein été. Si l'Isère, la Savoie et la Haute-Savoie n'ont pas été placées en alerte canicule, elles n'en ont pas moins été épargnées par les fortes chaleurs. Et les ouvriers du bâtiment sont les premiers touchés. "On essaye de travailler à l'ombre quand c'est possible, on s'hydrate, on se mouille la casquette, des choses simples, quoi" énumère Adrien Jay, terrassier-maçon qui s'affaire sur une allée grenobloise, une bouteille d'eau à portée de main.
Mais si ça chauffe au sol, c'est encore pire sur les toits, où la réverbération de la lumière rend les conditions encore plus difficiles. "C'est très chaud, ça peut monter jusqu'à 40, 60, 70 degrés, note Vincent Mocellin, couvreur. On s'habille léger, parfois on est en caleçon, ça arrive."
Reportage d'Aurélie Massait-Salamanca, Florine Ebbhah et Laétitia Di Bin.
Pour Olivier Perret, chef d'entreprise, ces mesures consistent à "veiller à la santé de nos salariés, leur founir de l'eau et puis on multiplie les pauses pour se mettre à l'ombre". Modifier les horaires, également. "Quand les fortes chaleurs arrivent, on a pour habitude de commencer une bonne heure plus tôt pour terminer un petit peu après 14 heures."
Et si les ouvriers rêveraient par ce temps de travailler à l'ombre, ce n'est pas toujours mieux. Dans un pressing écologique dénué de climatiseur mais équipé de plusieurs ventilateurs, François Roland adapte également son travail, car entre la vapeur du fer et la chaleur des machines, le mercure culmine à 37°C. "On fait en général toutes nos machines le matin pour limiter la chaleur l'après-midi en éteignant toutes les machines" explique-t-il.
Que dit le code du travail ?
Aucun texte de loi ne définit la température à partir de laquelle travailler présente un danger, Mais lorsque la canicule s'installe, le code du travail impose certaines mesures à l'employeur, qui doit lui-même évaluer les risques :- Dans les locaux fermés, il doit veiller à renouveler l’air des locaux de travail en évitant les élévations exagérées de températures (article R. 4222-1).
- Dans les locaux fermés à pollution non spécifique, ce renouvellement de l’air doit se faire soit par ventilation mécanique, soit par ventilation naturelle permanente (R. 4222-4).
- L’employeur doit aussi mettre de l’eau potable et fraîche à disposition des salariés pour leur permettre de s'hydrater. Dans les chantiers du BTP, ce sont trois litres d'eau qui doivent être fournis (article R. 4225-2 et suivants).
- Il doit également aménager les postes de travail extérieurs de façon à ce que les travailleurs soient protégés contre les conditions atmosphériques (article R. 4225-1).
L'INRS a par ailleurs mis à disposition un tableau pour évaluer les risques liés à la chaleur, comme la fatigue ou les crampes musculaires jusqu'au coup de chaleur. Le comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) peut également émettre des recommandations dans les cas de fortes chaleurs, par exemple un décalage des horaires ou une réorganisation des chantiers.
La vague de chaleur devrait s'apaiser ce week-end avec l'arrivée d'un air océanique. Dimanche, selon Météo France, le thermomètre devrait baisser à 29°C à Grenoble, 26°C en Savoie et 28°C en Haute-Savoie.