Bourg-de-Péage (Drôme) : La tension monte d’un cran autour de l’hippopotame Jumbo

L’association One Voice a déposé un recours devant le tribunal administratif de Grenoble. Elle conteste l’arrêté délivré par la préfecture de la Drôme au cirque Muller qui l’autorise à conserver le pachyderme.

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A bientôt quarante ans, Jumbo connaîtra-t-il la liberté ? Depuis qu’il est tout petit, il n’a connu que la captivité. C’est bien ce qui choque l’association One Voice qui entend faire respecter les lois en vigueur en ce qui concerne les animaux utilisés dans les spectacles itinérants.

D’où le recours déposé mardi 8 septembre contre l’arrêté de la préfecture de la Drôme. L’objectif de l’association créée en 1995 est de faire annuler le certificat de capacité attribué le 8 juillet dernier au cirque Muller concernant la détention de Jumbo. Le cirque possède le document ad hoc qui permet de certifier que le détenteur d'un animal est capable de s'en occuper sachant que « le Cirque Muller détenait un certificat de capacité probatoire de trois ans depuis le 16 mai 2018 pour les animaux des espèces Panthera leo, Panthera tigris et Hippopotamus amphibius », explique Muriel Arnal, la fondatrice et présidente de One Voice.

La décision de la préfecture : incompréhensible aux yeux de l'association

« On voit que la préfecture ne veut pas reconnaître les infractions soulevées y compris par le procureur de la République devant le tribunal correctionnel de Valence », ne comprend pas Muriel Arnal qui suit le sort de Jumbo de très près depuis des années. Un non-sens total selon elle : « le ministère de la Transition écologique et les députés sont en train d'étudier des textes pour interdire l'exploitation des animaux sauvages dans les cirques. Or, que constate-t-on ?  Que la préfecture de la Drôme octroie un certificat de capacité qui permet au cirque garder Jumbo jusqu'à la fin de sa vie. Or, les propriétaires de ce cirque commentent infraction sur infraction ».  

Selon l’association qui a pu se procurer du jugement du tribunal correctionnel de Valence du 22 janvier 2020, Alexandre Muller a fait l'objet d'une condamnation par le tribunal correctionnel de Valence le 22 janvier 2020 pour « exploitation irrégulière d’établissement détenant des animaux domestiques, pour placement ou maintien d’un animal domestique ou d’animal sauvage apprivoisé ou captif dans un habitat, environnement ou installation pouvant être cause de souffrance ; et utilisation de mode de détention inadaptée ou pouvant être cause de souffrance ou blessure pour l’élevage, la garde ou la détention d’un animal domestique ou d’animal sauvage apprivoisé ou captif. »

Pas de mauvais traitement volontaire contre Jumbo

Pour la justice, Jumbo n’est pas victime de maltraitance. Mais l’association assure que le procureur de la République avait évoqué la confiscation de l’hippopotame pour mauvais traitement. « Nous savons à quel point Jumbo souffre. A la barre, une vétérinaire du CNRS était venue décrire dépressif dans quel état se trouve l’animal. Si maltraitance volontaire il n’y a pas, l’hippopotame ne se retrouve pas dans le mode de vie semi-enfermé qui est le sien. Et One Voice de préciser que « normalement, les hippopotames doivent passer 16 heures dans l’eau et partager ces moments avec des congénères. Or, ce n’est pas du tout le cas. Et ce ne sont pas les photos du cirque montrant Jumbo dans une piscine qui peuvent apaiser nos craintes. »

Plainte pour harcèlement

La préfecture, de son côté, rappelle qu’elle a accordé le document permettant au cirque Muller de conserver l'hippopotame. Et que ce certificat n'est pas éternel, qu’il est toujours possible de le suspendre. Document qui disparaitrait si la loi interdisant la détention des animaux sauvages dans un cirque était votée comme le souhaite le ministère de la Transition écologique. L’administration préfectorale fait également savoir que le dossier de « cette certification pour un seul hippopotame, a été examiné par une commission nationale qui n'y a rien trouvé à redire. »

Pour sa part, le cirque Muller que nous ne sommes pas parvenus à joindre, a déclaré à notre consoeur France Bleu Drôme-Ardèche qu’il a contacté son avocat et que dans les prochains jours le cirque porterait plainte pour harcèlement contre la présidente de l'association. Une dame que le patron du cirque qualifie d’extrémiste. « Si le préfet nous a donné une autorisation, considère Franck Muller, c'est qu'il a eu des rapports de contrôles qui montrent que nous répondons aux obligations que l'Etat nous a imposées, je ne vois pas ce qu'on peut faire mieux que ça. »

Pas franchement l’avis de One Voice. Les animaux dans des spectacles itinérants, c’est dépassé, considère Muriel Arnal. « Ce n’est plus tendance. » Certains grands cirques l’ont bien compris, qui ont abandonné les numéros avec des animaux sauvages lors de leurs tournées.

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