A 54 ans, Véronique devait subir une intervention banale en hôpital de jour pour supprimer un fibrome. Mais un chirurgien de Montélimar a touché des veines et une artère. La victime est maintenant lourdement handicapée et a porté plainte.
La patiente, est devenue une victime, dans les mains d'un chirurgien, en période d'essai, d'origine allemande.
Le 30 mai, Véronique entre au bloc opératoire de l'hôpital de Montélimar, pour une hystéroscopie, afin de cautériser un fibrome, un geste habituellement banal pratiqué en hôpital de jour. Véronique aurait dû ressortir 2 heures plus tard pour rentrer chez elle.
Mais l'opération est très loin de se passer comme prévu. Pour des raisons encore floues, le gynécologue-obstétricien aurait percé l'utérus, touché des veines et l'artère fémorale. La patiente est alors dans un état critique, son pronostic vital engagé. Elle est emmené en urgence à l'hôpital Edouard Herriot de Lyon.
"Je suis mutilée!"
Les médecins ont été obligés de lui retirer la paroi abdominale. Véronique compte maintenant 120 points de suture, et plusieurs sondes installées. Véronique se considère comme lourdement handicapée. Elle porte un corset en permanence.
"Je n'ai plus accès à mes pieds. Je ne peux plus vivre de façon autonome. Je souhaite que l'on trouve une solution pour réparer mon ventre. Je voudrais reconduire ma voiture, accompagner ma fille, avoir une vie normale comme avant", dit-elle dans un calme très étonnant. Dans ses mots, pas de colère, mais une profonde détresse.
Avec sa famille, Véronique a porté plainte.
Un signalement a été fait à l'Ordre des Médecins, qui a retiré le droit d'opérer au chirurgien. L'hôpital de Montélimar l'a immédiatement suspendu.
"On est catastrophés Monsieur!"
L'hôpital de Montélimar a présenté ses excuses au mari de Véronique. L'établissement a précisé que ce médecin d'une cinquantaine d'années était en période d'essai, pour 2 mois, avant d'être recruté définitivement. L'opération de Véronique a eu lieu, 3 semaines après le début de cette période d'essai. Auparavant, le médecin avait pratiqué quelques gardes et interventions sans problèmes, en maternité et en gynécologie, selon l'hôpital.
La formation et les diplômes du médecin auraient bien été contrôlés par l'hôpital, selon son directeur. Il a fait ses études et passé ses concours en Allemagne, et avait le droit de pratiquer en France.
Le directeur de l'établissement va maintenant recruter un avocat, spécialisé dans les affaires médicales, au pénal, pour envisager la suite juridique de cette affaire. Il a reconnu qu'il y avait bien eu une faute: "on a échoué dans notre mission" reconnaît-il.
Y a t-il eu des blessures volontaires?
L'avocat du couple, lui, va encore plus loin dans ce dossier. Selon lui, il n'y a pas eu de blessures involontaires, mais bien volontaires. Pendant l'acte chirurgical, une anesthésiste et une coordinatrice étaient présentes. Ces deux personnes ont bien alerté le chirurgien du problème, mais il aurait continué ses gestes malgré ces avertissements. Cette information nous a été confirmée par le directeur de l'hôpital. Pour l'avocat, ce point précis caractérise le côté volontaire des blessures infligées à la victime.
Y a t-il eu d'autres victimes en Europe?
L'avocat grenoblois Me Edouard Bourgin lance un appel, à l'ARS et à l'Ordre des Médecins, pour que le docteur cesse toute ses activités. Selon nos informations, il continuerait à recevoir pour des consultations dans un cabinet de gynécologie-obstétrique, à Strasbourg.L'avocat a confié le dossier médical à un premier expert (également chirurgien-obstétrique). Selon lui, il n'y aurait aucun cas similaire en France, depuis au moins 30 ans.
Des accusations très graves: il soupçonne, un médecin au parcours trouble, avec peut-être d'autres victimes en Europe. Me Bourgin va demander à un juge, une Commission Rogatoire Internationale, pour retracer tout le parcours professionnel du médecin, et retrouver d'autres victimes éventuelles.
Une enquête a déjà été ouverte.
L'Autorité Régionale de Santé du Nord-Est a suspendu le chirurgien de toute opération, et l'Ordre des Médecins l'a suspendu de toute opération, au niveau français et européen.
Le reportage d'Hugo Chapelon, Stéphane Hyvon et Olivier Bodson