Avec un manque quasi continu de pluie depuis septembre et des nappes phréatiques généralement en baisse, la France fait face à une situation de sécheresse pas inédite mais qui risque de se poursuivre et qui menace déjà certaines récoltes. La situation est "particulièrement préoccupante » dans le sud de la Drôme.
Après une dégradation "rapide" à partir de février, les niveaux des nappes phréatiques sont "généralement en baisse" au 1er mai, à part dans quelques secteurs particulièrement arrosés du sud-ouest, d'Occitanie ou de Corse, selon le bulletin mensuel du Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) publié ce jeudi 13 mai.
Dans un contexte de réchauffement climatique qui accentue la fréquence, la durée et l'intensité des sécheresses, deux-tiers de la France connaissent déjà des sols "secs à très secs" en raison d'un "manque quasi continu de pluie depuis septembre", selon Météo-France.
Et, la situation est "particulièrement préoccupante, avec des niveaux bas à très bas localement, sur les nappes du sud de la Drôme". Les pluies d'avril ne se sont que peu infiltrées dans les nappes en raison de la hausse des températures et de l'évapotranspiration, et même s'il pleuvait dans les mois qui viennent, l'impact sur les nappes devrait être limité.
Dégradation rapide et inquiétante
Et "le scénario le plus probable" (50% de probabilité) pour l'été est la "poursuite des conditions plus sèches et plus chaudes que la normale" en général, selon Météo-France. Ce qui pourrait dégrader encore plus les nappes phréatiques qui ont commencé leur vidange dès janvier-février, avec "deux à trois mois d'avance", selon le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM).
"Les sols étant secs sur une grande partie de la France, les campagnes d'irrigation ont commencé tôt cette année et devraient se poursuivre en mai. Cette sollicitation des nappes va engendrer une baisse plus rapide des niveaux" met en garde Violaine Bault, hydrogéologue au BRGM.
"La situation des nappes pourrait alors se dégrader rapidement sur les secteurs fortement sollicités par les prélèvements pour l'irrigation", a-t-elle ajouté, notant que pour l'instant la situation n'est pas exceptionnelle.
La France a connu des épisodes de sécheresse importants dans les dernières décennies (1976, 1989, 2003, 2011...) mais l'assèchement des sols constaté depuis le début du siècle s'accentue avec le réchauffement de la planète.
Les épisodes de sécheresse sont plus intenses et plus longs, et la proportion du territoire touchée plus importante, de 5 % dans les années 1960 à 10 % sur les années récentes.
La France vit en effet une période de chaleur pas exceptionnelle mais "remarquable si tôt dans l'année", avec un thermomètre qui a dépassé les 30°C par endroits mercredi, une chaleur qui devrait se poursuivre jusqu'en milieu de semaine prochaine.