Des fouilles préventives sont en cours depuis le mois de septembre à Romans-sur-Isère dans la Drôme. Elles ont permis de mettre au jour des vestiges du X et XIe siècle. 18 fours de potiers et des habitats.
"En 15 ans de carrière, je n’avais jamais vu ça". Quentin Rochet, responsable de la fouille archéologique, ne cache pas son étonnement. Depuis la mi-septembre, son équipe composée d’une dizaine d’archéologues passe un hectare de terrain à l’ouest de Romans-sur-Isère au peigne fin. Depuis le début de l’inspection, 18 fours de potiers disposés au milieu d’habitations de l’époque ont été découverts. "Il y a des morceaux de céramiques par dizaines de milliers. Des tessons qui n’ont pas supporté la cuisson et qui ont été jetés. Pour un archéologue, découvrir des céramiques est assez banal. Mais dans ces quantités-là, c’est exceptionnel".
Une production de céramiques quasi industrielle
Un tel volume et la disposition du village laissent à penser que la production d’amphores et jarres pour la table était l’activité principale de cette communauté du Moyen-Âge. "Nous sommes sur une production quasi industrielle et, vu la proximité du Rhône et de l’Isère, nous pouvons imaginer que ces objets étaient acheminés et commercialisés en masse dans la région jusqu’à la méditerranée", poursuit le scientifique.
Dans le froid de l’hiver, Marie Lafarge, archéologue, continue de gratter le sol à l’aide d’une petite truelle et d’un pinceau. Un travail long et minutieux que les affres de la météo rendent encore plus difficile. "Le matin, le sol est gelé donc c’est impossible d’entreprendre la moindre fouille sans risquer d’endommager un vestige. On est obligés d’attendre 10h le matin pour se mettre au travail". Mais les aléas du climat n’altèrent pas l’enthousiasme de la jeune chercheuse. "Je n’étais pas là au début et quand je suis arrivée, je m’attendais à découvrir deux ou trois fours de potiers. Mais autant, c’est une sacrée surprise". Des fours enterrés qui témoignent d’un savoir-faire tout particulier pour les populations présentes à l’époque médiévale dans ce secteur.
Le site a été modélisé en 3D, photographié sous toutes les coutures et les vestiges soigneusement compilés pour en extraire un maximum d’informations. "C’est là que le gros du travail va commencer" annonce Quentin Rochet.
Un rapport sur le site sera rendu dans deux ans
"Toutes ces pièces vont faire l’objet d’une datation, une céramologue va les étudier minutieusement et nous pourrons, d’ici deux ans, faire un rapport complet pour témoigner de ce qu’étaient l’habitat et les techniques de l’époque". Un travail indispensable car, comme pour toutes les fouilles préventives, il est impossible de garder ce site en l’état. A terme, il sera recouvert par une centrale de méthanisation. Mais le long travail des archéologues permettra d’apporter une pierre supplémentaire à ce vestige historique pour les futures générations.