Comment être informé de la situation, à plus de 3.000 kilomètres du lieu des affrontements ? A Valence, dans la Drôme, la communauté arménienne est à l'écoute de tout ce qui touche au conflit armé du Haut-Karabakh, dans le sud Caucase. Rencontre avec ceux qui assurent le relais des informations.
Krikor Amirzayan est journaliste et caricaturiste. D'origine arménienne, il vit à Bourg-lès-Valence. Il produit chaque jour une vingtaine d'articles sur la situation dans le sud Caucase et le conflit armé entre l'Azerbaïdjan et l'Arménie. Son rôle ? Se faire le relais des informations sur la situation dans le Haut-Karabakh. "Parce que cette communication, c'est aussi le nerf de la guerre. Et que la communauté arménienne a besoin de ce relais d'informations en langue française".
Les sources d'information du journaliste sont les plus variées possibles : les réseaux sociaux, la presse et télévision publique arménienne, et le ministère de la Défense.
Le journaliste reconnaît que le défi quotidien, c'est de recouper les informations. "Car il y a des sites fiables, et d'autres beaucoup moins". Mais Krikor Amirzayan affiche une certaine confiance dans les informations publiées par les autorités arméniennes.
En termes d'information, les Arméniens ont une transparence beaucoup plus poussée que l'ennemi azéri. Preuve en est, la liste des soldats et civils arméniens tués qui est publiée régulièrement. Là aujourd'hui, on est arrivé à 96 soldats tués, alors qu'en face, l'Azerbaïdjan ne publie aucun bilan. Moi j'ai plutôt tendance à croire l'Arménie que l'Azerbaïdjan.
Autre source d'information possible pour la communauté arménienne de Drôme-Ardèche : l'antenne locale de radio Arménie. Jacques Abrahamian en est l'ancien directeur, ce qui ne l'empêche pas de garder l'oeil rivé aux informations télévisées et l'oreille attentive aux attentes d'information de sa communauté.
"Nous avons voulu créer ici un lien avec l'Arménie, avec l'Artsakh afin que notre communauté ne soit pas privée de ses racines. Et cela passe par l'information". Mais surtout, depuis la reprise des hostilités entre Arménie et Azerbaïdjan, Jacques Abrahamian ressent, dans tous les foyers de la communauté franco-arménienne, un regain d'attention sur ce qui se passe là-bas.
Pourquoi ?
Le Haut-Karabakh c'est la colonne vertébrale de l'Arménie. Avec sa disparition possible suite à cette agression, nous perdrions l'élément fondamental de notre existence physique. Ce que nous craignons, c'est un nouveau génocide.
Mercredi 30 septembre 2020 est le cinquième jour de combats meurtriers dans la région séparatiste du Haut-Karabakh. Autoproclamé indépendant depuis 1991, ce territoire montagneux est le théâtre d'affrontements entre Arméniens et Azéris. En 92 et 94, le conflit a fait près de 30.000 victimes.
Pour marquer leur solidarité avec le peuple arménien, 800 personnes se sont réunies devant la préfecture de la Drôme, à Valence, mardi 29 septembre. L'occasion pour la diaspora de réclamer l'engagement des élus et personnalités politiques afin d'obtenir la fin du conflit.