Deux ans après ses débuts, Enedis accélère le déploiement des compteurs Linky en France: près de 30.000 compteurs électriques communicants sont installés chaque jour, malgré les critiques voire l'hostilité de certains consommateurs.
Après des essais localisés, Enedis, filiale d'EDF, avait lancé le 1er décembre 2015 l'installation en masse de ces nouveaux appareils destinés à remplacer des compteurs électriques d'ancienne génération, pour certains âgés de plus de 40 ans. Enedis veut en avoir installé 34 millions à la fin de 2021.
Pour les foyers dotés du Linky, finis les passages du technicien chargé de relever les compteurs: la consommation est mesurée et transmise jusqu'au fournisseur d'électricité, permettant une facturation plus précise que celle fondée sur des estimations.
Le compteur de nouvelle génération peut aussi recevoir des ordres à distance, par exemple pour une mise en service ou un changement de puissance, avec des économies au passage. Malgré tout, l'utilité de Linky fait encore débat.
Les clients peuvent certes s'inscrire sur le site internet du gestionnaire de réseau pour y suivre leur consommation, une démarche qui peut notamment encourager les économies d'énergie. Pourtant, le déploiement du Linky se heurte à de fortes résistances, de particuliers et parfois de communes s'opposant à son installation.
Certains opposants craignent l'exposition aux champs électromagnétiques, même si l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) a jugé le risque très faible.
D'autres s'inquiètent pour leur vie privée. La Commission nationale de l'informatique et des libertés (CNIL) veille toutefois à ce que les données de consommation détaillées ne soient pas collectées sans l'accord de l'usager.
Mais les associations de consommateurs font surtout état de plaintes en raisons de problèmes plus concrets: coffrage électrique qui ne ferme plus,
compteur qui disjoncte plus souvent, appareils électroménagers qui ne fonctionnement plus correctement...
L'installation des Linky a été sous-traitée à des prestataires de services. Pour des installations un peu plus compliquées que la moyenne, les employés d'Enedis sont parfois obligés de repasser pour corriger le tir.
Pour sa part, la direction d'Enedis reconnaît volontiers des problèmes mais en minimise l'ampleur.
"C'est normal qu'il y ait des défauts de jeunesse", juge Bernard Lassus, pour qui "dès qu'on rencontre une difficulté on essaie de la prendre en compte, de corriger le plus vite possible et de remédier à la situation".