Pêchers déjà en fleurs : on vous dit pourquoi le réchauffement climatique n'est pas seul en cause

Depuis mi-février, les arbres fruitiers comme les pêchers ou les abricotiers sont en fleur en Drôme et en Ardèche. Une floraison avec plusieurs jours d'avance. Une précocité qui est synonyme de risques accrus pour la future récolte de fruits.

Le printemps est encore loin. Encore trois bonnes semaines avant d'entrer officiellement dans la saison des beaux jours. Pourtant, dans les vergers drômois, des fleurs ont déjà fait leur apparition sur les branches des arbres fruitiers. Cerisiers, pêchers, abricotiers et autres fruits à noyaux... la floraison a commencé. Un peu trop tôt ? 

Floraison précoce et risques accrus

Si dans les vergers, les arbres fleurissent plus tôt, ce n'est pas uniquement à cause du réchauffement climatique. La main de l'homme y est aussi pour quelque chose. Ces dernières années, les arboriculteurs ont cherché à planter des espèces plus précoces. Un choix guidé par des motifs économiques et concurrentiels. "L'avantage des variétés précoces : on a le fruit au moment où la demande est la plus importante. C'est-à-dire en été. On a intérêt à avoir les fruits au bon moment, autrement dit le plus tôt possible", explique Laurent Terrail, agriculteur à Montmeyran, dans la Drôme.

Une stratégie qui n'est pas sans risques et sans incidence. Avant tout parce que les fleurs sont exposées plus longtemps à des risques de gel. Ces températures basses peuvent causer leur perte et les faire tomber avant l'heure. "Malgré le fait que les gels aient lieu souvent en avril, si on a trois semaines d'avance, ça rajoute trois semaines de risques supplémentaires", assure Laurent Terrail, avant d'ajouter avec fatalisme, "mais le gel peut aussi avoir lieu en mars et en mai".  Une floraison plus tardive ferait donc gagner du temps sur l'exposition au risque de gelées.

Des variétés tardives

"En 2021, on a tout perdu, poires, pêches, vigne. À la suite de cela, on s'est dit que sur les productions déjà existantes localement, avec des variétés à floraison un peu plus tardive, on aurait pu gagner 10 jours et on aurait eu une production", explique Rémy Léger, paysan à Beaumont-les-Valence. Il s'est installé comme arboriculteur voilà une vingtaine d'années. Dans ses vergers, certains arbres sont déjà couverts de fleurs alors que ce mois de février 2024 n'est pas encore terminé. 

Après l'important épisode de gel qui a dévasté sa production de fruits, le 8 avril 2021, il lui a aussi fallu s'adapter. Il a choisi de planter des variétés différentes. Il a notamment privilégié des arbres fruitiers à floraison légèrement plus tardive. Pour que les fleurs ou les fruits en formation soient moins soumis au risque de gel. C'est le cas d'une de ses parcelles de pommiers, plantée en 2022. Pas de fleurs à l'horizon. "On attendait de ces variétés de pommiers qu'elles soient en floraison plus tardive pour qu'on limite le risque de gel sur fleurs et sur jeunes fruits. On va arriver un peu plus tard, on va gagner une semaine, dix jours, 15 jours. C'est capital", explique-t-il.

Mais ses plans et ses projections pourraient bien être déjoués avec ce mois de février printanier. "Le mois de février est très doux, mais l'hiver n'est pas terminé. On risque d'avoir des gelées. Si c'est 0°C ou -1°C, on limitera la casse. Mais si c'est comme en 2021, avec jusqu'à -6°C à certains endroits, ça va devenir compliqué, car les fleurs ont trop avancé, les fruits sont déjà présents et ne sont plus protégés", explique Rémy Léger. 

Changement climatique 

Si les arboriculteurs cherchent des solutions pour pouvoir continuer à assurer les récoltes, le changement climatique est malgré tout une réalité. Il semble même avoir toujours un coup d'avance. Cette année, la floraison est en avance de quelques jours par rapport à l'an dernier, qui l'était déjà sur la précédente. Face à ce phénomène, la crainte d'une arrivée des températures négatives n'est pas feinte dans le nord de la Drôme et ailleurs. Les répercussions sont même difficiles à mesurer. Les agriculteurs scrutent la météo et redoutent un coup de froid au printemps qui viendrait anéantir leur travail sur plusieurs années.

Les phénomènes météos violents peuvent avoir des effets désastreux sur la récolte à venir et bien au-delà. "L'arboriculture est un des métiers de l'agriculture les plus sujets au changement climatique. Une heure de gel ou 10 minutes de grêle, et la récolte de l'année est foutue. Parfois, celle de l'année suivante est aussi impactée", explique Rémy Léger. Pour ce dernier, l'arboriculteur doit se projeter, avoir une "vision à 10, 15 ou 20 ans". "C'est un métier difficile, au contact du changement climatique et un peu abandonné par l'État", déplore l'arboriculteur. Aucun épisode de gel n'est annoncé d'ici les 15 prochains jours. La météo du mois d'avril sera décisive pour l'avenir des récoltes.

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