Edouard Philippe va recourir aux ordonnances pour la réforme de la SNCF, dont il veut faire voter les "principes-clés avant l'été". "Nous voulons aller vite sans escamoter pour autant le débat ", dit le Premier ministre. "C'est la mort du service public ferroviaire" pour la CGT Cheminots Alpes.
Le Premier ministre Edouard Philippe a également annoncé qu'il n'y aurait plus de recrutement au statut de cheminot, à la SNCF "à l'avenir, à une date qui sera soumise à la concertation".
"Aux nouvelles générations, aux apprentis, à tous ceux qui veulent s'engager dans la SNCF, nous disons qu'ils bénéficieront des conditions de travail de tous les Français, celles du code du travail. A l'avenir, à une date qui sera soumise à la concertation, il n'y aura plus de recrutement au statut", a-t-il déclaré en présentant sa réforme du système ferroviaire.
Pas de fermeture des petites lignes
"Je ne cherche l'affrontement avec personne", a assuré Edouard Philippe après avoir dévoilé lors d'une conférence de presse les grands axes de la réforme de la SNCF, qui se trouve selon lui "dans une situation alarmante pour ne pas dire intenable". Il a joué l'apaisement en assurant que cette réforme du rail ne préparait pas "la privatisation de la SNCF".
"La SNCF est un groupe public qui porte des missions de service public. Elle est dans le patrimoine des Français et elle y restera", a promis le Premier ministre. Pas question non plus de toucher aux "petites lignes", pointées du doigt par un rapport récent de Jean-Cyril Spinetta.
"Ce n'est pas une réforme des petites lignes. Je ne suivrai pas le rapport Spinetta sur ce point. On ne décide pas la fermeture de 9 000 kms de lignes depuis Paris sur des critères administratifs et comptables. Dans bien des territoires, le rail est au coeur de la stratégie des régions pour le développement des mobilités", a souligné le Premier ministre, répondant ainsi aux inquiétudes de certaines collectivités et usagers.
La mort du service public ferroviaire
Pour Bernard Tournier, de la CGT Cheminots Alpes, cette réforme annoncée c'est tout simplement "la mort programmée du service public ferroviaire". "Le Premier Ministre a franchi plusieurs lignes rouges ce matin" nous a-t-il déclaré en direct dans notre journal de midi.
"Le statut, c'est la meilleur garantie d'un service public de qualité, notamment de la sécurité ferroviaire". Bernard Tournier s'inquiète également d'une menace de privatisation de la SNCF. Il dénonce "l'enfumage du Premier Ministre, qui dit que la privatisation n'aura pas lieu, mais on sait ce qu'il est advenu de La Poste".
SNCF Réseau va en effet devenir une société anonyme, à capitaux publics, comme La Poste, et comme le furent, avant d'être ouverts aux capitaux privés, GDF et France Télécom. On attend donc quelques précisions sur cette "privatisation". A quelle hauteur l'Etat va-t-il s'engager dans le capital ? Avec quelles autres collectivités publiques ? Et pour combien de temps ?
Notons au passage qu'en Angleterre, où le British Rail fut privatisé, s'esquisse aujourd'hui un débat sur sa re-nationalisation.
La CGT ne fait pas non plus confiance au Gouvernement concernant les petites lignes. "Certaines ont déjà fermé en Auvergne. Saint-Gervais-Vallorcine en Haute-Savoie, et Grenoble-Veynes étaient menacés avant le rapport Spinetta" rappelle Bernard Tournier.
Laurent Wauquiez n'est pas d'accord non plus
A l'autre bout de l'éventail politique, le président de la région AURA dénonce, lui, le double discours du Gouvernement. Il estime que ce dernier condamne les vallées alpines à la pollution. Pour Laurent Wauquiez, la priorité reste le Lyon-Turin.
Le syndicat CGT appelle à une manifestation nationale le 22 mars prochain. Et dès demain soir 27 février, les organisations se rassemblent pour donner suite à l'annonce du Premier Ministre. La grève n'est pas exclue.