"L'exclusion par le logement est de plus en plus critique en Isère", s'alarme l'association "Un Toit Pour Tous"

Alors que la trêve hivernale s'achève, que les hébergements d'urgence fermeront fin mars, l'association "Un Toit Pour Tous" en Isère dresse un état des lieux alarmant: au-delà de l'hébergement d'urgence, le mal-logement touche, de plus en plus les ménages les plus pauvres.

En collaboration avec la Fondation de l'Abbé Pierre, l'association iséroise "Un Toit Pour Tous", très active sur le département, a présenté à Grenoble, ce jeudi 26 mars, son rapport annuel pour l'année 2014-2015. Déjà, le tableau est sombre en France: près de 10 millions de personnes en situation de fragilité, 140.000 sans abris.

En Isère, selon les dernières statistiques établies par "l'Observatoire de l'Hébergement et du Logement", en septembre 2014 près de 1.500 personnes n'avaient pas de toit. "Les bidonvilles", s'alarme le président Michel Delafosse, "ont plus que jamais fait leur réapparition." En novembre 2014, 747 personnes ont été recensées dans des squats de l'agglomération de Grenoble.

Depuis 2007, le nombre de demandes d'hébergement d'urgence au 115 a été multiplié par sept. Parmi ces sans abris, des ménages pauvres, des familles. Seules 5% des demandes d'hébergement sont satisfaites, contre 60% il y a 6 ans!

Pénurie d'hébergement d'urgence, pénurie de logements sociaux aussi. Sur 26.000 demandes, seules 10.000 attributions sont réalisées chaque année. Et l'association de dénoncer aussi les conditions de logement dans le parc privé. On le sait moins, mais c'est le parc privé qui accueille le plus de ménages modestes, 70.000, dont les ressources sont proches du seuil de pauvreté. "Le problème", pointe l'association, "c'est que ce secteur offre le statut le moins protégé et que les conditions d'habitat y sont souvent déplorables, voire insoutenables, mais que les occupants, démunis, n'ont pas les ressources, ni l'énergie de se défendre."

Reportage de Xavier Schmitt & Dominique Semet