La chute des prix du lait, dûe à une surproduction mondiale en 2015, a durement touché les agriculteurs français. Pour remédier à la crise, l'Europe a lancé un plan d'aides pour inciter les éleveurs à diminuer leur production. En Auvergne, un producteur sur cinq a fait ce choix.
En juin 2016, Éric Germain et son associé, producteurs de lait à Vernet-la-Varenne (Puy-de-Dôme) ont décidé de baisser de 8 % leur production de lait. Le pourcentage sur lequel ils étaient le moins bien payés par leur laiterie, un quota de lait rémunéré au prix des cours mondiaux: 183 euros la tonne. Une misère.
Mais produire moins quand on travaille avec des animaux, ce n'est pas si simple, Ces deux éleveurs ont pris une décision radicale: ils ont réformé dix vaches d'un coup.
L’éleveur explique sa démarche. « Baisser la production, c’est pas fermer le robinet d’eau. C’est pour ça que l’on a supprimé un nombre de vaches pour le travail soit plus facile. On a supprimé du jour au lendemain 200 à 300 litres de lait en vendant ces vaches ».
Une aide européenne pour réduire la production laitière
Pour inciter les agriculteurs à baisser leur production, l'Europe propose une aide de 150 millions d'euros. L'État français a lui mis en place un plan de 50 millions d'euros.Les deux associés ont déposé un dossier pour toucher ces subventions, sans garantie d’avoir le droit à cette prime européenne de réduction de production. « On n’est même pas sûrs de toucher les aides parce qu’on doit rentrer dans énormément de critères drastiques », signale Éric Germain.
Aujourd'hui en Auvergne, 20 % des producteurs de lait ont fait le choix de réduire leur production. C'est deux fois plus qu'au niveau national.
« Il y a des coûts supplémentaires de production en zone de montagne pour produire du lait, détaille Yannick Fialip, président de la Fédération régionale des producteurs de lait. Donc les producteurs perdent davantage d’argent lorsque les cours baissent. »
Il poursuit : « Le second fait, c’est qu’avec une pluviométrie importante sur les mois de mai et juin, les fourrages de moindre qualité et les producteurs ne veulent pas produire du lait à perte ».
La production de lait en Auvergne va donc baisser de 3 à 4 % et grand paradoxe : une hausse des cours est attendue l'année prochaine. Pour les agriculteurs, les incitations européennes arrivent en fait un an trop tard.