Gérard Darmanin : "Nous voulons rétablir la paix civile dans les quartiers "

En visite à Lyon aujourd’hui, le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin est venu annoncer des mesures pour lutter contre les trafics de drogue. Il était l’invité du 19/20 Rhône-Alpes.

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Plus de police, plus de moyens, une collaboration accrue entre services de l'Etat...C'est ce qu'a promis Gérard Darmanin, en visite à Lyon aujourd'hui. Le ministre de l'Intérieur a annoncé la création de deux quartiers témoins, à Villeurbanne et à Rillieux-la-Pape, pour lutter contre le trafic de drogue. Invité sur notre plateau, il répond aux questions de Bérengère Bourgeot. 

Ce n’est pas la première fois que l’on augmente les effectifs de police dans les quartiers, ne s’agit-il pas d’un énième dispositif ?

Il manquait des policiers à Lyon, je suis venu quelques semaines après ma nomination, j’ai annoncé les 300 policiers supplémentaires, 79 sont déjà arrivés, une cinquantaine vont arriver d’ici trois à quatre mois, on voit concrètement plus de policiers dans l’agglomération lyonnaise.

Grégory Doucet, le maire de Lyon, en demande 200 uniquement pour la ville, c’est bien cela ?

Il y en a 300 pour l’ensemble de l’agglomération lyonnaise pour les trois ans, à peu près cent par an.  C’est possible grâce à ce qu’a fait Gérard Collomb : recruter et former des policiers. Maintenant je peux les annoncer, ils peuvent arriver et puis on va les répartir. Il n’y a jamais eu autant d’augmentation des effectifs et c’est grâce au Président de la République. Mais dans ces quartiers témoins, la concentration de moyens, ce ne sont pas que des policiers de sécurité publique, les policiers que l’on voit dans la rue, ce sont aussi des CRS que l’on met à un moment donné dans un quartier pendant de longues semaines pour lutter contre l’insécurité, c’est évidemment le travail avec la police judiciaire, et avec la justice, et c’est évidemment le fait de remonter sur des filières et pas juste d’intervenir en bas des immeubles.

Et ça, c’est nouveau, cela n’a jamais été fait par le passé ?

Il y a un travail qui doit aujourd’hui être très concentré pour faire une sorte de démonstration en taille réelle. On a déjà fait trois fois ce travail dans trois quartiers différents il y a six mois, un à Lille, un à Paris à la Goutte d’Or, et un dans un quartier gendarmerie en Isère. Ça marche très bien, on a mis fin au trafic de drogue dans ces quartiers. Mais le problème du trafic de drogue, c’est qu’une fois que l’on lâche la pression, il revient. Il revient pourquoi ? Parce que c’est très rémunérateur. Il faut savoir que c’est parfois jusqu’à 100 000 euros de liquide par jour sur un point de deal. Et je voudrais dire à ceux qui consomment de la drogue, bien sûr qu’ils ne sont pas des délinquants en puissance, mais ils participent à ce trafic qui provoque des tortures d’enfants, qui exploite des gens à qui l’on dit « tu dois garder la drogue dans ton appartement ».  Et ce que l’on veut faire, c’est rétablir la paix civile dans les quartiers.

Ces quartiers témoins, ceux que vous avez expérimentés, fonctionnent-ils vraiment ?

Les quartiers témoins marchent, parce qu’on met beaucoup de moyens et pas seulement des moyens policiers. Il n’y a pas que la sécurité qui compte, mais il faut plus de personnes dans les écoles, plus d’éducateurs pour aider les clubs sportifs, pour aider la jeunesse. Il faut tout un village pour élever un enfant…

Plusieurs collectifs de riverains de la métropole souhaitaient vous rencontrer, vous avez dit ne pas avoir eu le temps de les écouter…  

C’est M. Laurent Wauquiez qui a participé et qui m’a écrit la lettre pour me demander de les rencontrer. J’ai été maire, c’est le travail des maires de parler à la population. Le ministre de l’Intérieur, avec le préfet, il essaye de répartir des forces. Et ensuite le maire, parfois le député, parfois le Président de Région, il est là pour faire remonter des doléances. J’aurais juste aimé que depuis un depuis un an et demi, Laurent Wauquiez m’interpelle directement, il a mon numéro de téléphone, mais il ne l’a pas fait. Je fais des permanences chaque semaine dans ma ville, puisque je suis encore élu local et chaque maire doit faire ce travail. Il ne peut pas y avoir de micro-management, parce que sinon on fait de la démagogie. Je serai venu avec les caméras, on aurait parlé cinq minutes avec les riverains, et on aurait dit c’est bien. Non ce n’est pas bien, ce qui est bien c’est que chacun fasse son travail et pas de la politique politicienne. Ce qui est sûr c’est que nous augmentons les policiers à Lyon et dans les agglomérations comme personne ne l’a jamais fait et nous augmentons aussi les moyens des policiers. Et chacun s’autorise à dire que les moyens donnés aux forces de l’ordre n’ont aucune comparaison avec ce qu’il s’est passé avant.

Vous annoncez des moyens, mais ici, à Lyon, des jeunes tournent des clips pour provoquer les forces de l’ordre, des voitures de police sont encerclées pendant des rodéos… que faut-il faire pour lutter contre cela ?

D’abord avec plus de moyens policiers… Et puis que font les parents ? Il faut évoquer l’autorité parentale. Moi je suis pour qu’il y ait plus de policiers mais il faut aussi savoir que quand il y a des gamins de 12, 13 ou 14 ans qui ne sont pas pris en main par les parents, et bien on arrive à des difficultés où seuls les policiers peuvent intervenir.

La réponse n’est-t-elle pas judiciaire ? Parce que finalement si tous ces jeunes, ces délinquants, ces dealers sont relâchés, il y a de quoi désemparer la police et les riverains…

Je suis certain que tous les dealers ne sont pas relâchés. L’autorité judiciaire, elle fait un travail important. Mais là aussi, elle manque de moyens, il n’y a pas assez de magistrats. On augmente le budget du ministère de la justice de 10% chaque année, alors évidemment on met du temps pour rattraper, évidemment la situation était tellement compliquée avec le manque de policiers dans les commissariats, il n’y a parfois pas assez d’uniformes, il n’y a pas assez de parquetiers chez les procureurs de la république, pas assez de places de prison… On a augmenté tout ça, c’est vrai que Paris ne se fait un jour. Tous ceux qui ont dirigé le pays pendant des années nous disent maintenant comment il faudrait faire. Mais ce qui est sûr c’est que nous augmentons les forces de la police et de justice et, oui, il y a encore beaucoup de travail pour que la paix civile soit totalement rétablie. Ce n’est qu’au long cours que l’on peut lutter contre l’insécurité, et les moyens que l’on donne aux forces de l’ordre, ils sont sans précédents et ils permettront j’en suis sûr de rétablir la sécurité.

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