Guerre en Ukraine : dans la région lyonnaise et aindinoise, les habitants s'organisent pour convoyer les dons à la frontière Ukrainienne

Alors que de nombreuses associations lancent des collectes partout en France, certains habitants de la région lyonnaise, simples citoyens, s'organisent sur les réseaux pour convoyer les dons jusqu'aux frontières et espèrent ramener des réfugiés. Témoignages.

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« Il s'agit de montrer que l'humain peut être humain ». Voilà ce qui motive Noël Delaval . Demain matin, à 8h, il déposera ses filles à l'école puis prendra la route direction la Pologne, et peut-être la frontière ukrainienne.  

« On aide comme on peut »  

« L'opération s'est montée en une après-midi seulement », raconte ce père de famille de 36 ans. Il y a quelques mois, Noël Delaval a perdu son père. Porté disparu dans les Monts du Lyonnais pendant plusieurs jours, des dizaines de bénévoles avaient participé aux recherches. « Des personnes que je ne connaissais ni d'Adam, ni d'Eve, j'ai été très ému. Depuis, je me demandais comment je pouvais rendre la pareille. Et cela m'a semblé évident quand j'ai vu à la télé ces images d'enfants, de femmes, de familles qui avaient tout perdu ».    

L'informaticien a donc publié un message sur Facebook et organisé une collecte de vêtements et denrées alimentaires. « Ça a fait boule de neige, mon téléphone sonnait toutes les deux secondes, j'ai eu plus de 300 messages », assure-t-il. Aidé de ses amis et de sa voisine, avec qui il partira demain, il a tout emballé avec soin et chargé dans son propre véhicule personnel. « J'ai dû demander aux gens d'arrêter de me faire des dons, sinon il allait me falloir un semi-remorque », sourit-il.    

Noël Delaval vise Cracovie, où sont basées de nombreuses ONG et où il espère se rendre utile. « J'aimerais ensuite aller jusqu'à la frontière, mais j'attends qu'on me donne des infos pour savoir où aller, il paraît qu'il y a des endroits où il y a beaucoup d'associations humanitaires et d'autres pas du tout ». Il envisage ensuite de faire le chemin du retour avec des réfugiés. « Si je n'avais pas eu d'enfants, peut être que j'aurais passé la frontière... Mais on aide comme on peut ». Et il ajoute : « J'ai eu beaucoup de propositions de gens qui voulaient monter avec moi et qui se sont même proposés comme des mercenaires. J'ai fait très attention, je ne voulais pas partir avec n'importe qui ».    

Trouver du matériel médical

Bruno, lui, habite dans l'Ain. Il reçoit chez lui des enfants d'un orphelinat ukrainien depuis une dizaine d'années. Alors, lorsque la guerre a éclaté, « en quelques minutes seulement, on a décidé de monter en chercher certains ».   La semaine dernière, il a déjà réalisé un aller/retour et ramené deux mères, trois enfants et deux adolescents. « D'autres familles m'ont contacté, j'ai donc décidé de repartir », explique ce fonctionnaire de 55 ans.  

Cette fois-ci, il a vu les choses en grand. En faisant jouer son réseau, il a réussi à trouver un chauffeur de car qui a accepté de faire le déplacement avec son véhicule. Bruno pourra donc ramener une dizaine de familles. Départ prévu la semaine prochaine, mais l'aller-retour en bus coûterait plus de 2000 euros de carburant. « En ce moment, je me prostitue pour trouver les moyens de partir », rigole-t-il. « Mais on va sûrement devoir partir sur nos propres deniers ».    

Pas question de partir à vide. Bruno va profiter lui aussi du voyage pour convoyer des dons. Des vêtements, des denrées alimentaires, il y en a déjà trop. Mais du matériel médical, un peu moins. Bruno a donc contacté pharmacies et industries pharmaceutiques pour se procurer des compresses, pansements ou kits de suture. « Mais ce n'est pas simple, on ne peut pas faire entrer de médicaments et les sociétés n'ont pas le droit de faire don de produits stériles ».           

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