En Haute-Loire, le barrage de Poutès est "transparent" depuis la mi-mai. Il laisse passer les saumons, alors qu'il a représenté pour eux un obstacle quasi-infranchissable pendant des dizaines d'années.
Après trois ans de travaux, le barrage hydroélectrique de Poutès (Haute-Loire) permet désormais aux saumons de continuer leur chemin.
Avec le nouvel aménagement, la rivière Allier a retrouvé son lit et le saumon migrateur peut circuler librement pour regagner ses frayères. Depuis la mi-mai, il est même "transparent", c'est-à-dire que ses vannes sont abaissées pour quelques semaines afin de laisser passer les poissons.
"La petite retenue a complètement disparu et on a la rivière qui coule librement au travers de l'ouvrage" explique Sylvain Lecuna, délégué territorial pour EDF hydraulique à des visiteurs lors de portes ouvertes au public.
Un combat de 20 ans
Si le nouvel ouvrage a été modifié, passant de 18 mètres de haut à 4 mètres, c'est à l'issue d'une bataille de 20 ans entre les associations de défense de la nature, l'Etat et EDF. Poutès est aujourd'hui le symbole d'un compromis trouvé au profit de l'environnement.
Revoir le lit de la rivière à sa place initiale, c'est très émouvant."
Sylvie Desrier, militante SOS Loire Vivante
Roberto Epple, président de l'association SOS Loire Vivante s'en félicite : "Je pense que c'est ça qui est particulièrement intéressant. On peut coopérer même si au début, on a des avis très différents. Ici, on a réussi, on est contents"
Sylvie Desrier, militante dans la même association, abonde : "Ça a été un combat, un discours qu'on a tenu pendant des années en se disant : la souche de l'Allier va péricliter, elle va mourir avant qu'on ait pu faire l'aménagement. Être là aujourd'hui et voir ce barrage en totale transparence, revoir le lit de la rivière à sa place initiale, c'est très émouvant."
Lucas Vialle, en visite sur le site, habitant de Haute Loire, approuve : "On peut concilier tout ce qui est énergies renouvelables avec l'environnement. Je trouve que c'est bien pour l'avenir, que ça donne un bon exemple."
La population de saumons reste fragile
Mais est-ce suffisant pour la survie du saumon ? Son passage sur le site s'est réduit à une centaine d'individus seulement par an. Son comportement va donc être observé de près. "On met en place un certain nombre de suivis" explique Sylvain Lecuna. "On va commencer dès cette année avec un dispositif de caméra acoustique qui va nous permettre de voir les saumons passer en transparence."
Equipés d'émetteurs, les poissons seront également pistés par radio. Le barrage, lui, peut continuer à produire de l'électricité, l'équivalent de la consommation de 20 000 habitants.