Parce qu'il refuse de vendre le gazole à près de 2,50 euros le litre, un gérant de station-service de Haute-Loire a décidé, purement et simplement, de stopper la vente de carburant.
« Nous refusons de vendre du carburant à 2,50 euros le litre. Nous ne cautionnons pas le vol ! ». Le message est clair. A Saint-Paulien, en Haute-Loire, il est affiché sur les pompes de la station-service d’un garage depuis le mercredi 9 mars. Quand le garagiste a voulu passer commande pour renouveler son stock de carburant, il a décidé de stopper la vente. Son gazole est passé en quelques jours de 1,80 euro le litre à 2,19 euros. En passant à nouveau commande il aurait dû le vendre 2,47 cette fois-ci. Olivier Thomas, gérant du garage et de la station-service, explique : « Si on est à 2,50 euros, pourquoi pas 3 euros ? Moi j’arrête. Il est hors de question que je mette un litre à 2,50 euros dans une voiture. Même l’ordinateur, quand j’ai voulu changer mon prix, m’a dit de ne pas mettre de prix incohérent. Il y a bien quelque chose qui ne va pas. Il a fallu que j’appelle mon assistance, pour qu’ils changent et mettent 2,47 euros. Je me dis que c’est inadmissible. Même si l’ordinateur ne veut pas le prendre, j’ai mis un papier pour dire que je n’allais pas livrer du carburant à ce prix-là. Ce n’est pas possible ».
"J’hallucine totalement"
Il poursuit : « J’ai décidé de fermer parce que le tarif augmente. Si on me demande de vendre le carburant à 2,50 euros, au fond de moi, techniquement, ce n’est pas possible. J’hallucine totalement. Je me dis que ce n’est pas logique, je suis sûr qu’il y a du stock chez les pétroliers. Pourquoi tout le monde ne fait pas le dos rond en disant qu’il y a un mauvais moment à passer et que l’Etat donne un coup de main ? Il ne faut pas toucher au carburant pour les gens qui travaillent tous les jours, ni à l’électricité. Il y a des choses qui devraient être interdites ».
Des remarques émises par les clients
L'activité carburant ne représente pas 10 % du chiffre d'affaires de ce garagiste. Elle sert avant tout à approvisionner les locaux de cette zone rurale en périphérie du Puy-en-Velay. Le commerçant est lui fatigué de prendre de plein fouet les remarques sur l'augmentation des prix à la pompe que lui impose un marché mondial. Il ne souhaite pas non plus acheter des milliers de litres très chers en prenant le risque de vendre à perte dans quelques jours. Olivier Thomas indique : « Ce qu’il va se passer économiquement, c’est qu’il va y avoir un crack. Si je fais remplir ma cave à 20 000 litres, qui va me payer la différence si ça descend de 15 ou 20 ou 30 centimes ? Je ne peux pas vendre un produit à 2,47 euros en sachant qu’on gagne 0,04 centimes d’euros par litre hors taxes. Vous vous rendez compte combien de litres il faut qu’on vende par jour pour arriver à un SMIC ou à demi SMIC ? Ce n’est même pas la peine » Les cuves sont presque vides. Ne restent que quelques dizaines de litres, pour dépanner des habitués, ou réservés aux pompiers, prioritaires en zone rurale.