"Voir les bêtes dans cet état-là est catastrophique" : des agriculteurs devant la justice contre une antenne 4G

Dans leur ferme de Haute-Loire, des éleveurs assistent, impuissants, au dépérissement de leurs vaches depuis l’été. Ils sont catégoriques : leurs ennuis ont commencé le jour où une antenne 4G a été installée à 250 m de leur exploitation. Ce jeudi 17 février, les agriculteurs ont saisi la justice.

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Des agriculteurs en plein désarroi. Depuis juillet dernier, la ferme de la famille Salgues, à Mazeyrat-d’Allier en Haute-Loire, est en proie à une importante baisse de la production de lait de leurs vaches. Les éleveurs ne reconnaissent plus leurs bêtes. Depuis l'installation d’une antenne 4G à environ 250 mètres de leur exploitation, les agriculteurs expliquent vivre un véritable enfer. A ce jour, 34 bêtes sont mortes. Une audience en référé avait lieu ce jeudi 17 février au tribunal judiciaire du Puy-en-Velay. Présente ce matin au palais de justice, Géraldine Jammes, associée de Frédéric et Yannick Salgues, indique : « Voir les bêtes dans cet état-là est catastrophique. Un travail de quinze ans a été mis par terre en six mois. Les vaches sont amorphes, on dirait des robots. Elles ne mangent plus, ne boivent plus comme elles devraient. La production est en baisse de 50 %. Maintenant c’est au tour des veaux. C’est un crève-cœur ».

Une expertise judiciaire demandée

Ce jeudi 17 février, lors de l' audience, l’avocat des éleveurs a réclamé la mise en place d’un expert judiciaire pour évaluer les conséquences des émissions de l’antenne 4G. Frédéric Salgues, éleveur, souligne : « Il y a quinze jours, on était partis pour arrêter l’antenne mais on préfère que l’antenne reste en fonctionnement et que l’expert vienne faire son analyse. On est persuadés que ce n’est pas l’alimentation qui est à l’origine de cela. Même les pigeons et les chats quittent le bâtiment. Aujourd’hui on en est à 34 bêtes mortes».

"On ne peut pas laisser des bêtes mourir"

Une demande également formulée par Philippe Molherat, maire de Mazeyrat-d’Allier, venu ce matin au tribunal soutenir les éleveurs. Il souligne : « On demande de mettre en place un protocole, avec l’arrêt de l’antenne. On voudrait mettre des caméras dans les bâtiments pour voir comment réagissent les bêtes. Il faudrait couper l’antenne pendant quinze jours ou trois semaines, puis la remettre en service pour voir comment les bêtes évoluent. Il faut une expertise sérieuse. On ne peut pas laisser des bêtes mourir : elles sont 34 aujourd’hui à être mortes. Les gens se posent des questions parce que si ça agit sur les bêtes, ça doit agir sur les hommes aussi ». Le maire poursuit : « Je ne suis pas contre le déploiement de la 4G car il y a beaucoup d’antennes qui ont été implantées et qui ne posent pas de souci, à proximité des exploitations. Les agriculteurs sont venus me voir depuis fin juillet, en me disant que leurs bêtes changeaient de comportement, que leur poil changeait, que leurs yeux devenaient globuleux, qu’elles produisaient de moins en moins de lait. Ils ont vu qu’il y avait un problème et me disent que c’est depuis que l’antenne a été mise en service, depuis mi-juin. Cela coïncidait. Je suis allé constater sur place et les bêtes étaient amassées dans un coin du bâtiment. On sentait qu’il y avait un souci. J’ai alerté la sous-préfète. On a fait venir l’ANFR (Agence nationale des fréquences) pour faire des mesures. C’est dans les normes ».

"L’exploitation agricole est en péril"

Lors de l’audience, l’avocat d’Orange a fait savoir que la société a participé aux expertises demandées depuis fin août par la préfecture. Il indique que le pylône émet des ondes dans les normes imposées. Pour lui, si une expertise est prononcée par le tribunal, elle doit être faite sur l’ensemble de l’environnement de la ferme, à savoir les branchements électriques, les systèmes d’alimentation et de traite des animaux. Orange affirme que l’opérateur a été mandaté, tout comme la société Santerne qui a installé l’antenne, pour couvrir une zone blanche dans le cadre du New deal et que tout a été réalisé dans les règles. 

De nombreux agriculteurs étaient présents à l’audience pour soutenir la famille Salgues. Pour Nicolas Merle, vice-président de la FDSEA, il y a urgence à agir : « Il va falloir trouver des solutions. La famille Salgues est dans la difficulté suite à la mise en route de cette antenne. On est là pour les accompagner et mettre la pression sur Orange, l’Etat et le tribunal. L’exploitation agricole est en péril. Il est important de sauver cette ferme et cette famille. On a des exemples dans d’autres départements, où il y a des faits similaires, sur des animaux très sensibles aux ondes et aux résidus électriques ». Le tribunal judiciaire rendra son jugement en référé vendredi 18 février, en fin de matinée.

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