Abandon du Funiflaine en Haute-Savoie : "c'était du pilotage à l'aveugle pour un projet à 100 millions d'euros"

Le projet de construction d'une télécabine entre la vallée de l'Arve et la station de Flaine est officiellement mis à l'arrêt à cause notamment des délais à rallonge et de l'augmentation du prix des matières premières.

C'est une décision "adoptée à l'unanimité", indique le syndicat mixte Funiflaine dans un très bref communiqué.

Réuni ce mardi 17 mai, le syndicat - composé du président du département de Haute-Savoie, du maire de Magland, du maire d’Arâches-la-Frasse et du président de la Communauté de Communes Cluses, Arve & montagnes - a décidé d'arrêter, pour de bon, le projet Funiflaine.

Cet ascenseur valléen était censé relier la vallée de l’Arve, à partir de Magland, à la station de Flaine située à 1800 mètres d'altitude en moins de 20 minutes. Un projet (controversé) qui devait voir le jour en 2025 et transporter pas moins de 500 000 personnes chaque année.

Objectif : réduire l'utilisation de la voiture (environ 85 000 par an), son temps de trajet (40 minutes minimum) et ainsi la pollution atmosphérique dans la vallée. 

Obstacles : le temps et l'argent.

Le budget allait exploser 

Le coût du Funiflaine ne fait qu'augmenter avec les années et l'actualité. "Son budget était initialement d'une centaine de millions d'euros", indique Martial Saddier, président du Conseil départemental de Haute-Savoie et porteur du projet. Mais pour des raisons administratives et techniques, le dossier a pris au moins un an de retard. Et qui dit retard, dit pénalités. Cela, cumulé à une hausse des taux d'intérêt et à une hausse des prix des matières premières "qui fait augmenter, à elle seule, en fourchette basse, la facture d'au moins 30% dans la construction en général"

Le budget allait exploser. "Et les financeurs du projet ne sont pas en mesure d'assurer les surcoûts". Parmi eux : l'Etat, la région, le département, les communes de Magland et Arrâche, les communautés de communes et le concessionnaire. 

S'arrêter avant qu'il ne soit trop tard 

"On ne pouvait plus tenir le calendrier fixé par le contrat", qui les liait au constructeur, explique Martial Saddier. "Le retard allait engendrer des coûts. Ce n'était pas possible à court terme. C'était du pilotage à l'aveugle pour un projet à 100 millions d'euros".  

A ce stade, le président du département de Haute-Savoie nous assure qu'aucun frais conséquent n'a déjà été engagé : "nous avons essentiellement financé des études qui pourront servir à l'avenir. L'idée de s'arrêter maintenant, c'est justement pour ne pas engendrer de grosses dépenses". S'arrêter avant d'avoir à payer des pénalités au constructeur, par exemple. S'arrêter, aussi, avant qu'une quelconque action en justice ne soit possible. 

Arrêt ou abandon ? 

Martial Saddier nous confie que cet "argent économisé sur ce projet" sera "investi dans les modes de transports doux comme les pistes cyclables, dans la reconversion de petites stations et dans le plan ski de fond". 

Mais il dit ne pas perdre espoir dans le Funiflaine... "je ne peux pas m'être battu pendant 20 ans pour qu'il ne voit jamais le jour". 

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