Le budget de la ville d'Annecy a été voté lundi soir lors d'un conseil municipal houleux, révélant les profondes divisions entre le maire écologiste et son alliée Horizons. Un remaniement de l'équipe municipale apparaît plus probable que jamais.
Un baroud d'honneur pour le premier adjoint au cours d'un conseil municipal sous tension. A sa demande, Benjamin Marias va quitter son poste auprès du maire d'Annecy. Un nouveau coup dur pour l'écologiste François Astorg que les oppositions n'ont pas manqué de souligner.
"La gestion d'une politique municipale se fait avec une majorité municipale installée qui se comprend, qui se respecte et qui travaille ensemble. On voit que le compte n'y est pas", a taclé Jean-Luc Rigaut, conseiller municipal (UDI) d'opposition et ancien maire d'Annecy.
Le groupe d'opposition Les Annéciens a profité de ce conseil municipal, lundi 27 mars, pour dégainer une proposition surprise : "Ouvrir un mois de discussion pour créer, si possible, une union sacrée de l'ensemble des groupes et des élus du conseil municipal sur des points précis, pour les trois ans qui viennent, afin de sortir Annecy de l'ornière dans laquelle on est", a suggéré Denis Duperthuy, conseiller municipal du groupe.
La majorité s'étrille en public.
Anthony Granger, conseiller municipal (LR) d'oppositionà France 3 Alpes
Alliance menacée ?
De quoi pimenter encore un conseil municipal qui ne manquait déjà pas de piquant. Signe que l'alliance composée aux dernières élections municipales a du plomb dans l'aile. En 2020, deux listes fusionnaient pour l'emporter : Réveillons Annecy de l'écologiste François Astorg et Annecy Respire de Frédérique Lardet, alors députée En Marche.
Une union étonnante désormais au bord de l'implosion, notamment autour du budget. "La majorité s'étrille en public. L'adjointe au commerce (Frédérique Lardet) critique le maire publiquement depuis des semaines et des mois. Malgré cela, elle explique ne pas être dans la majorité mais être dans l'exécutif", regrette Anthony Granger, conseiller municipal (LR) d'opposition.
"C'est effectivement une position constructive qui est dans l'exécutif et qui est en opposition, de temps en temps, sur quelques projets, pour remettre dans la ligne droite un maire qui a tendance à ne pas mettre le poing sur la table avec ses élus", se défend la présidente (Horizons) du Grand Annecy, Frédérique Lardet.
Remaniement en vue
Annecy, historiquement si paisible, découvre donc le clivage entre une aile droite de la majorité qui se dit pragmatique et un maire qui, lui, entend bien mener à bien ses projets. Parmi eux, le repas à 1 euro dans les cantines pour les plus modestes et la transition écologique.
"Sur le défi climatique, on va continuer à répondre aux grands enjeux de mobilité, de végétalisation, parce qu'on doit préparer une ville résiliente pour demain", réaffirme François Astorg. Le budget a finalement été voté sans hausse d'impôts au programme, mais au prix de fractures désormais très nettes.
Nous allons rentrer dans une deuxième partie de mandat qui va nous amener à, peut-être, reconfigurer certaines orientations politiques.
Françoise Grébert, conseillère municipale (EELV) d'Annecyà France 3 Alpes
"On est 51 dans la majorité et il y a eu 51 voix pour le budget donc il n'y a absolument pas de crise de confiance autour du maire qui est largement conforté ce soir", affirme pour sa part Guillaume Tatu, adjoint au maire (DVG) en charge de la jeunesse.
"C'est un succès, mais nous allons rentrer dans une deuxième partie de mandat qui va nous amener à, peut-être, reconfigurer certaines orientations politiques", nuance Françoise Grébert, conseillère municipale (EELV) d'Annecy.
En clair, à Annecy, les soubresauts sont loin d'être terminés. Le prochain conseil s'annonce déjà explosif avec le remplacement du premier adjoint. Et probablement, sans aller jusqu'à l'union sacrée, un remaniement de l'équipe municipale.