Un ancien dirigeant et éducateur de l'US Pringy, petit club de football de la Haute-Savoie, a été condamné, ce mercredi 3 avril, à 10 ans d'emprisonnement par le tribunal correctionnel d'Annecy pour des agressions sexuelles sur mineurs commises en 2022. Le président du club a pour sa part été condamné à quatre mois de prison avec sursis.
La décision a été rendue aux environs de trois heures du matin ce mercredi 3 avril. Après de longues heures de débat et d'intenses délibérations, un ancien cadre du club de football de l'US Pringy, en Haute-Savoie, a été condamné par le tribunal correctionnel d'Annecy à dix ans de prison pour agressions sexuelles sur mineurs de moins de 15 ans.
Poursuivi pour 8 agressions, commises en marge d'un tournoi en Vendée en 2022, cet ancien éducateur de 57 ans a été condamné pour six d'entre elles. Lors de l'audience, il n'a reconnu qu'une seule agression, celle d'un adolescent de 14 ans au moment des faits. Une agression caractérisée par des attouchements sexuels alors que les jeunes étaient sur le chemin du retour en Haute-Savoie dans un bus. Cet homme a également été condamné à des peines complémentaires dont un suivi socio-judiciaire de 10 ans avec injonction de soin, une interdiction de paraître en Haute-Savoie et une interdiction définitive d'exercer auprès de mineurs.
Le prévenu avait déjà été condamné à trois reprises par le passé, dont deux fois pour des faits d'agressions sexuelles sur des mineurs. Au total, cet ancien entraîneur, qui a notamment encadré les classes d'âge U11 et U18, a passé près de 12 ans en prison.
"Monsieur Tout le Monde"
Il a toutefois réussi à intégrer l'US Pringy il y a une dizaine d'années : "C'est un Monsieur Tout le Monde. Il intègre ce club de foot en ayant su avoir la confiance de tout le monde, les parents et les enfants pour les approcher au plus près. (...) Il ne montre pas son vrai visage. C'est en cela qu'il est un prédateur. Le pot aux roses est découvert bien après et une fois que des faits sont commis et que des enfants arrivent à les révéler", réagit Me Marjorie Berruex, avocate des parties civiles.
Lors de l'audience, le prévenu a reconnu des penchants pédophiles. Les perquisitions avaient permis de mettre la main sur des images pédopornographiques retrouvées sur son ordinateur et son téléphone portable. "Tout est tourné vers la minimisation des faits. Il en est encore là après trois condamnations pénales. Il ne voit toujours pas quel est le problème alors qu'il a été condamné pour des faits de viol sur mineur. Il ne voit pas quel est le problème de caresser des enfants ne serait-ce que sur des parties qui ne sont pas intimes", ajoute l'avocate, qui regrette que le coupable n'ait reconnu qu'une seule agression.
L'ancien président du club condamné
L'ancien président de l'US Pringy, un homme de 78 ans, comparaissait également ce mardi devant le tribunal correctionnel d'Annecy. Il a été condamné, pour la période du voyage en Vendée, à quatre mois de prison avec sursis pour complicité d'exercice d'encadrement d'activités sportives et physiques auprès de mineurs malgré interdiction. Six mois de prison avec sursis avaient été requis.
En clair, le tribunal a reproché à cet homme d'avoir été prévenu, par un signalement de la Direction régionale de la jeunesse et des sports (DRAJES), d'une interdiction d'exercer, qui concernait l'entraîneur et de ne pas l'avoir écarté des jeunes.
Mais pour son avocat, le président n'était pas au courant des faits précis pour lesquels a été condamné son encadrant : "Il n'était pas informé (de ces agressions). Quand vous lisez le courrier de la préfecture, il n'y a rien. (...) Il était informé qu'il avait une interdiction d'exercer. Point à la ligne. On ne lui a pas dit pourquoi", expose Me Jean-François Jullien.
Pour Me Marjorie Berruex, la colère des parents des victimes envers l'ancien président est légitime : "Les familles se sentent trahies. Vous inscrivez votre enfant dans un club de foot et un dirigeant de ce club détient une information capitale, dont il sait que les enfants sont en danger et le choix qu'il fait n'est pas celui de protéger ces enfants. La colère est compréhensible."