Face à la concurrence suisse, le manque de personnel soignant dans les hôpitaux français est préoccupant. Pour résoudre ces déséquilibres et éviter "le risque de fermeture des urgences", Christian Dupessey, maire (PS) d’Annemasse (Haute-Savoie) et président du pôle métropolitain du Genevois français fait une proposition qu’il qualifie de "révolution".
"Rien qu’au Centre Hospitalier Alpes Léman, il manque aujourd’hui 52 postes financés. C’est autant de lits fermés dans certains services" affirme Christian Dupessey, maire (PS) d’Annemasse (Haute-Savoie) et président du Pôle métropolitain du Genevois Français. La fuite du personnel soignant vers la Suisse est aujourd’hui une réalité en raison de l’attractivité des salaires, même si les établissements français ont mis en place une politique de fidélisation de la main d’œuvre.
Il y a une vraie crise structurelle de recrutement de personnel médical et paramédical en France, aggravée chez nous par la concurrence genevoise.
Christian Dupessey, maire (PS) d’Annemasse (Haute-Savoie) et président du pôle métropolitain du Genevois français
Face au manque cruel de personnel soignant dans cette zone frontalière, l’élu a décidé de faire une proposition, "un appel à la solidarité", précisant qu’un "risque plus grave existe notamment en cas de forte affluence" avec des "urgences qui peuvent être dans l’obligation de fermer".
"Un appel à la solidarité" pour "éviter le risque de fermeture des urgences"
"Certains me disent que c’est utopique" sourit Christian Dupessey, président du pôle métropolitain du Genevois français et maire (PS) d’Annemasse, en Haute-Savoie. L’élu souhaite, "en cas de risque extrême, notamment de fermeture des urgences, une aide" déterminée pour une période précise qui se traduit par "l’arrivée de personnel qui fonctionne aux HUG (Hôpitaux universitaires de Genève, NDLR) et qui serait détaché dans les hôpitaux français" concernés par ce risque de fermeture des urgences.
"On ne peut pas avoir d'un côté de la frontière, une offre médicale très large et très ouverte, et de l’autre, une offre qui mettrait en danger la vie des patients" poursuit l’élu.
Je fais appel à la solidarité au sein du bassin de vie transfrontalier du Genevois.
Christian Dupessey, maire (PS) d’Annemasse (Haute-Savoie) et président du pôle métropolitain du Genevois français
Des soignants suisses payés au salaire genevois qui exerceraient donc côté français, Christian Dupessey qualifie cette proposition de "vraie solidarité de territoires" et de "révolution". Le département genevois de la santé se montre ouvert à la réflexion. Le ministre suisse Pierre Maudet affirme même qu’ "il faut approfondir cette idée même si sa mise en place serait complexe".
"Je pense qu’on est en train de progresser" déclare Christian Dupessey, à l’initiative de cette proposition, "nous sommes deux pays différents, deux structures hospitalières différentes mais aujourd’hui il y a une volonté de mettre toutes les problématiques sur la table". La construction d’un territoire transfrontalier de la santé reste l’un des enjeux du Grand Genève.