"Festen", la création de Cyril Teste au Théâtre de l'Odéon à Paris, avant de partir en tournée

La pièce a été produite, créée et déjà jouée au théâtre Bonlieu d'Annecy, mise en scène par Cyril Teste. Plus qu'une pièce de théâtre, il s'agit d'une véritable performance filmique: sur scène et en coulisses se trouvent deux caméras dont les images sont montées et retransmises en direct

C'est "Festen" au carré: le jeune metteur en scène Cyril Teste, connu pour son usage virtuose de la vidéo, porte au théâtre le scénario du célèbre film du danois Thomas Vinterberg (1998).

La pièce, jouée au Théâtre de l'Odéon - Ateliers Berthier jusqu'au 21 décembre, débute dans le noir, le public s'apaise au son de chants d'oiseaux, de bruissements d'arbres. Des odeurs - forêt d'automne - sont même diffusées dans la salle (mais sans grand effet au-delà des premiers rangs).

C'est le calme avant la tempête. Car "Festen" est l'histoire d'un combat sans pitié pour dévoiler un ignoble secret familial. Christian, qui vit à Paris, est de retour au Danemark pour l'anniversaire du père, Helge. Une table magnifique est dressée dans l'intérieur classieux d'une grande maison danoise, le cuisinier s'affaire en cuisine, un personnel stylé est aux petits soins.

L'histoire d'un secret familial

Une fête de famille parfaite, en somme, si la violence, le racisme, l'abjection n'étaient au rendez-vous.

La tension débute avec l'arrivée du frère aîné, Michaël, incontrôlable. Elle ne va jamais se relâcher et le spectateur accroché à son fauteuil sait qu'il faudra aller jusqu'au bout.
Christian ouvre le feu avec un premier toast, où il raconte calmement les viols répétés que le patriarche faisait subir tout petits aux jumeaux, lui et sa soeur Linda. Il y a un an, Linda s'est suicidée.

La tablée ne moufte pas: l'omerta a la peau dure. Il faudra plusieurs coups de boutoir pour que se fissure la cuirasse, jusqu'à l'hallali: le vieux père nu, giflé à tour de bras dans son bain.

C'est la seule image crue de cette pièce glaçante, où la violence est suggérée plutôt que montrée. C'est plutôt l'angoisse qui domine, cette sensation d'étouffement qui se lit sur les visages en gros plan diffusés en direct sur l'écran situé au-dessus de la scène.

 Film en direct 

La vidéo vient en renfort soit pour montrer les visages, soit pour filmer hors champ, dans les coulisses de la fête. C'est hors champ que Michaël, dans son déni absolu de voir tomber la figure paternelle, tabasse son frère.

L'image permet aussi de montrer le fantôme de Linda, qui apparaît à l'écran à l'exact moment où son frère la voit en rêve, assise au piano, ou à une embrasure de fenêtre.

Sur le plateau, deux vidéastes en habits noirs évoluent à la manière de chats, jusque sur la table, pour filmer en direct.

En 1h50, la pièce veut aller plus loin que le film, en mettant l'accent sur tel ou tel personnage - la soeur Hélène, jouée par Sophie Cattani - ou sur le nationalisme exacerbé de la famille.

Cyril Teste, 42 ans, n'en est pas à son coup d'essai. En 2015, "Nobody", filmé-joué selon le même principe d'hybridation du théâtre et de l'image filmée démontait la vie impitoyable dans une entreprise de "consulting".

Cyril Teste et son collectif MXM travaillent depuis 2011 sur une écriture théâtrale nouvelle : "La performance filmique, c'est une façon de rechercher un autre regard "

Intervenants: Cyril Teste metteur en scène,Mathias Labelle comédien. Equipe: Ariane Combes-Savary, Yves-Marie Glo, Sylvain Dumaine & Eric Achard

Après Paris, la pièce entame une grande tournée, d'Angers à Montpellier, en passant par Grenoble, Lille, Rennes, Toulon, Valence, et Lyon .





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