Les fêtes nocturnes de Grignan, dans la Drôme provençale proposent cet été une variation autour de la célèbre pièce de Pierre Corneille Le Cid. Le metteur en scène Jean Bellorini a imaginé avec la troupe du TNP une variation grand public de cette tragi-comédie... à découvrir bientôt sur France 3.
Vous êtes en vacances et l’on vous propose d’aller voir le Cid de Pierre Corneille. Et là vous vous dites : «Oh non pas des devoirs de vacances !» C’est sans doute ce que pensent beaucoup d’adolescents lorsque leurs parents les emmènent aux fêtes nocturnes de Grignan dans la Drôme provençale.
Mais c’est sans doute parce qu’ils ne connaissent pas le travail du metteur en scène Jean Bellorini. Le patron du TNP de Villeurbanne s’est attaqué au grand classique de Corneille Le Cid avec un souci de compréhension pour le plus grand nombre. C’est toute la philosophie des pièces de théâtre programmées chaque été devant la magnifique façade du château de Mme de Sévigné.
Le triomphe de l'amour
Il y a dans la mise en scène de Jean Bellorini un plaisir ludique à faire entendre les alexandrins de Corneille. Sa troupe au nombre réduit par rapport aux personnages de la pièce classique s’amuse à nous raconter cette tragi-comédie amoureuse si célèbre. Rodrigue et Chimène s’aiment, mais Rodrigue a tué le père de Chimène pour venger l’honneur de son père. L’infante, la fille du roi, aime aussi Rodrigue, mais la différence sociale l’amènera à céder face à l’amour de Chimène et Rodrigue.
Nous plongeons dans ce drame «cornélien» comme le souligne en aparté sur scène François Deblock, l’interprète de Rodrigue. Chacun des comédiens joue à la fois un personnage et nous raconte l’intrigue hors champs. Par un travail d’improvisation, chacun d’eux apporte dans ses mots une explication du texte et de l’intrigue.
Le choix de ce texte classique par Jean Bellorini n’est pas anodin. En tant que directeur du TNP, le Théâtre National Populaire, il ne pouvait que se démarquer de son héritage prestigieux. Il l’explique très bien :
On ne pouvait pas oublier qu’en 1951, un certain Jean Vilar avait monté le Cid avec Gérard Philip. Alors si on n’a pas beaucoup d’humour, de distance sur soi, on risquerait de se prendre au sérieux. Evidemment il y a le château mais il y a aussi devant la façade, un château gonflable, éphémère. Il va permettre tous les rebondissements au sens propre et figuré ! Depuis le début, l’idée était pour moi, la naïveté. On va inventer ensemble notre Cid.
Jean Bellorini
Mais bien sûr, les célèbres alexandrins de la pièce résonnent dans la cour. «De véritables tubes» comme les qualifie le metteur en scène. Ils reviennent à la mémoire de chacun des spectateurs. Et les comédiens vont jusqu’à les faire reprendre par le public, comme dans un karaoké, les fameux :
Ô rage, ô désespoir ! ô vieillesse ennemie ! / N’ai-je tant vécu que pour cette infamie ?
Pierre CorneilleLe Cid (acte I scène 5)
Voilà comment Jean Bellorini et sa troupe redonnent vie à cette pièce pour le plus grand nombre de spectateurs. Pendant plus de 40 jours, chaque soir, près de 700 personnes vibrent au rythme des vers de Corneille et au jeu et aux chants de ces comédiens flirtant par moments avec la comédie musicale. On vous laisse découvrir la pièce, et ses digressions musicales, pleine de surprises.
Histoire d’un Cid mis en scène par Jean Bellorini avec la troupe du TNP, au château de Grignan jusqu’au 24 août.
Sur France 3 Auvergne-Rhône-Alpes le 8 août à 23h30 et sur france.tv