La traditionnelle fête des guides de Chamonix a eu lieu ce mardi 15 août en Haute-Savoie. Une journée marquée par l’intronisation de nouveaux guides, dont le métier évolue face au changement climatique.
C’est une tradition depuis près de cent ans. La fête des guides de Chamonix s’est déroulée ce mardi 15 août, rassemblant du monde dans cette commune située au pied du Mont-Blanc. Initialement créée pour récolter des fonds au profit de la Caisse de Secours qui vient en aide aux guides, l’objectif de la fête n’a pas changé. Les rituels, eux aussi, sont toujours les mêmes avec l’intronisation, cette année, de cinq nouveaux guides, félicités par leurs parrains. Argentin de naissance et Chamoniard de cœur, Julian Casanova est devenu membre de la compagnie des guides de Chamonix. Il intègre enfin sa "nouvelle famille", après "un long chemin".
C’est un grand honneur, un rêve d’enfant. J'ai grandi avec eux, même en étant en Argentine. Ce sont des guides très reconnus au niveau mondial.
Julian Casanova, membre de la compagnie des guides de Chamonix
Un à un, les noms des guides et accompagnateurs sont évoqués face à une large foule, située en face de l’église de Chamonix. Le traditionnel appel des guides a d’ailleurs été effectué cette année par Sophie Lavaud, la première Française à avoir gravi les 14 sommets de plus de 8 000 mètres, en compagnie d’Eric Fournier, le maire de la commune.
Ces derniers ont rendu hommage aux 250 membres de la Compagnie, dont 47 femmes (40 sont accompagnatrices en montagne et 7 guides de haute montagne).
Le métier fait face à l'enjeu du réchauffement climatique
Tous ces guides font face à un nouveau défi : le changement climatique. "On essaie de changer nos mentalités, de faire attention et de s’adapter car ce n’est plus pareil" confie Julian Casanova. "Dans le contexte du réchauffement climatique, le métier de guide évolue beaucoup" confirme Didier Tiberghien, le directeur de la Compagnie des guides de Chamonix. Ce dernier évoque l’évolution de la saisonnalité "avec un transfert de la haute-saison plutôt en début d’été",
La haute-saison en alpinisme sera désormais en mai, juin alors qu’il y a peu de temps, c’était en juillet et en août.
Didier Tiberghien, directeur de la Compagnie des guides de Chamonix
"En tant qu’acteurs du territoire, nous ne pouvons y rester insensibles", ajoute Didier Tiberghien qui affirme avoir mis une stratégie en place pour diminuer les émissions de carbone : "Nous avons réduit nos activités et séjours sur la Savoie, Haute-Savoie, Valais et Val d’Aoste", et pour les activités sur une journée, "nous avons réduit nos activités à 60 kilomètres autour de Chamonix".
Nous avons fait évoluer notre mobilité pour répondre à l’enjeu du changement climatique.
Didier Tiberghien, directeur de la Compagnie des guides de Chamonix
Un fonds pour l’environnement a également été mis en place il y a deux ans. Si les pratiques évoluent, la fête des guides conserve des traditions bien ancrées. Tous les 15 août, les guides ont l’obligation d’assister à la cérémonie. "Cela fait partie de notre règlement intérieur" affirme Jean-Franck Charlet, le président de la caisse de secours de la compagnie des guides de Chamonix. Et dans ce règlement, il y a cette fameuse caisse de secours (qui fêtera ses cent ans l’année prochaine), née comme étant "une sorte de sécurité sociale et caisse de retraite pour les guides". Cette caisse "permet d’assurer de façon certaine par le biais d’une compagnie d’assurance tous les guides et de pouvoir intervenir de façon exceptionnelle lors de situations difficiles, quand l’un de nos collègues décède en montagne ou subit un accident".
Entre solidarité et esprit de cordée, les valeurs célébrées par ces hommes et ces femmes restent les mêmes depuis des décennies. La cérémonie s’est terminée avec la bénédiction, par l’évêque d’Annecy, des guides, de leurs piolets et de leurs cordes, comme le veut la tradition.