Ce lundi 2 octobre, un homme comparaissait devant le tribunal correctionnel d’Annecy pour "tentative de destruction d’une espèce protégée". En mars dernier, il s’était filmé au volant de sa voiture en train d’essayer d’écraser un loup. Il a été condamné à plusieurs peines.
"Aujourd'hui, j'ai bien compris la leçon", a déclaré à la barre du tribunal correctionnel d'Annecy l’automobiliste poursuivi, ce lundi 2 octobre, pour avoir tenté de tuer un loup en mars 2023.
Face à lui, quatre associations de protection animale s’étaient portées parties civiles. Toutes demandaient une "condamnation exemplaire" pour cet homme, le loup étant une espèce strictement protégée. "Il y a un vrai risque de voir se généraliser ce genre de comportement qui porte atteinte au loup", a déclaré l’avocat de la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO), l’une des associations présentes au procès.
Pour cette tentative de destruction d’espèce protégée, le prévenu encourait une peine de trois ans de prison et de 150 000 euros d’amende. À l’issue de l’audience, il a été déclaré coupable, et l’intention d’écraser le loup a été retenue. Il a été condamné à effectuer un stage de citoyenneté à ses frais, et à payer 1 000 euros au titre du préjudice moral à chacune des quatre associations qui s’étaient portées parties civiles.
Vidéo à l’appui
Les faits remontent au mois de mars 2023. En se rendant au travail à Giez, en Haute-Savoie, ce père de famille a croisé un loup sur le bord de la route. Il a fait demi-tour et filmé la scène avec son téléphone.
Sur la vidéo, qui n’a pas été diffusée à l’audience, on voit la voiture rouler normalement puis se déporter sur la voie de gauche où se trouvait le loup. Plus rapide, l’animal est parvenu à éviter le véhicule. "Il n'y a pas de manœuvre pour ralentir ni pour éviter le loup", a souligné la présidente du tribunal.
La vidéo a ensuite été envoyée à des proches avec les commentaires "oh putain loupé" et "ne pas transférer, les écolos ne vont pas apprécier pour la tentative de meurtre". L'un des destinataires du message a transmis les images à l’Office français de la biodiversité (OFB), qui est parvenu à identifier son auteur.
"Une collision intentionnelle avec une espèce protégée, c’est une première en Haute-Savoie. Comme l’a rappelé la présidente du tribunal, c’est important en matière de pédagogie de dire que si on tente d’écraser une espèce protégée, et bien la tentative est répréhensible", a réagit Benoît Guyonnaud, chef de service départemental adjoint de l'OFB qui assistait au procès.
Le prévenu conteste l'intention de tuer le loup
"J'ai fait demi-tour dans le but de le filmer. C'est la première fois que j'en voyais un. Mon petit dernier est passionné par les animaux sauvages, s’est défendu l’automobiliste. Je reconnais l'infraction d'avoir utilisé mon téléphone au volant. Je l'ai suivi avec mon téléphone, mon véhicule s'est déporté sur la gauche. Le loup ne m'a absolument rien fait. Si j'avais réellement voulu le tuer, je ne l'aurais pas filmé, je n'aurais pas utilisé le véhicule de la société."
L’homme, père de trois enfants, n’est ni chasseur ni agriculteur, et n’avait jamais été condamné jusque-là.