A Lathuile, près d'Annecy, la "Manufacture du vinyle" veut se tailler une part de la "galette"

Près d'Annecy, la "Manufacture du vinyle" s'est lancée sur ce marché en pleine renaissance en jouant la fragile partition de la production musicale indépendante.

Derrière l'industriel MPO, fabricant historique de disques vinyles en France, des artisans misent à leur tour sur la célèbre galette noire... Comme près d'Annecy, à Lathuile, où une petite maison s'est lancée dans ce marché.


Opérationnel depuis octobre après plusieurs mois d'essais, cet atelier de pressage de 300 m², spécialisé dans la conception de 33 tours de 140 grammes et de "Maxi 45", cherche à se démarquer avec une production semi-artisanale de petites séries, entre 150 et 2.000 exemplaires.

Production semi-artisanale

"Un gage de qualité" face au "tout automatisé", estiment Philippe Margueron, Lionel Daviet et Emmanuelle Margueron, les trois associés haut-savoyards à l'origine de cette manufacture établie depuis neuf mois à Lathuile, au sud du Lac d'Annecy, dont ils assument seuls l'entière activité quotidienne.


"Notre marché, ce sont les groupes et les labels indépendants, qui sont plus de 3.000 en France. Nous voulons leur donner la possibilité de vendre leur musique car les plateformes légales (en ligne) ne leur rapportent rien", explique Philippe Margueron.

L'idée naît il y a deux ans dans l'esprit de ces trois passionnés qui écument régulièrement les vide-greniers à la recherche de la perle rare en 33 ou 45 tours. Dans les bacs des particuliers et des disquaires, ils font le constat que les oeuvres musicales indépendantes, d'envergure nationale ou locales, peinent à exister sur le marché du vinyle.

"À dimension humaine"

"Les petits labels qui toquent à la porte du principal fabriquant français font face à des délais faramineux car ses presses sont monopolisées par les majors et les rééditions", fait remarquer Philippe Margueron.


Le trio commence à se documenter, contacte l'industrie musicale pour affiner son étude de marché et s'entoure de spécialistes du secteur en France et en Europe pour identifier les "erreurs techniques et d'infrastructure à ne pas commettre". Il se rapproche également, aux États-Unis, de "Third Man Records", le label du guitariste américain Jack White, ex-leader des White Stripes, qui a fait installer une usine de pressage à Détroit.


Une presse à 250.000 euros

Régulièrement, l'équipe se rend également en Italie ou en Allemagne pour s'initier aux techniques de conception d'un vinyle dans des ateliers en activité. "On s'est rendu compte qu'il n'existe pas de transmission de ce métier. Tous les conseils de ces interlocuteurs ont été précieux. Ils ont aussi donné de la crédibilité à notre démarche, qu'on souhaitait à dimension humaine et dans le respect des choix artistiques", se souvient Lionel Daviet.


Pour financer l'achat d'une presse semi-automatique - environ 250.000 euros - autorisant davantage de précision dans les finitions grâce à l'intervention humaine, les trois associés proposent aux groupes et aux labels intéressés par l'initiative la prévente de packs.

Des commandes en France, Belgique et en Suisse

Dans une démarche écologique, ils s'associent à un imprimeur "éco-responsable" (basé à l'étranger) pour faire réaliser les pochettes des disques et recyclent dans le circuit de production les chutes de PVC servant à les fabriquer.

Pour l'heure, l'essentiel des commandes de la "Manufacture" - où le coût de production de chaque vinyle, pochette comprise, oscille entre 3 et 8 euros - provient de France et de Belgique, mais aussi de Suisse, où il n'existe aucune usine de pressage. Pour faire face à une demande croissante, le trio envisage l'achat d'une seconde presse et l'embauche de salariés en 2018.

Avec l'espoir que le marché perdure. Pour Philippe Margueron, "tandis que le CD dégringole, le vinyle prend de la valeur et les platines se vendent."
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