Figure majeure de l'animation en France, Jean-François Laguionie effectue un retour remarqué sur grand écran au Festival du film d’Animation d’Annecy avec le majestueux "Louise en hiver", film intimiste et délicat sur la solitude et le temps qui passe.
Ce cinquième long métrage du réalisateur narre l'histoire de Louise, une grand-mère attachante qui se retrouve seule face à la rudesse de l'hiver dans la petite station balnéaire désertée, et fictive, de Biligen-sur-Mer.
La solitude je la ressens aujourd’hui plus facilement"
"C'est le film le plus intime que j'ai réalisé jusqu'à présent. La solitude, je la ressens aujourd'hui plus facilement. C'est un thème universel qui, comme la liberté, habite mes réalisations", confie le cinéaste de 76 ans.
Projeté en avant-première à Annecy, le film fait évoluer la vieille dame, animée en numérique, dans un décor dépouillé et figé aux tons pastels, réalisé au fusain et à la gouache sur un support papier dont les grains apparaissent à l'écran.
Ce parti pris esthétique, ainsi que la poésie des monologues de cette grand-mère confrontée à l'isolement et à la "vieillitude", comme elle la nomme, confère au film un charme particulier.
Le reportage de Ariane Combes, Yves-Marie Glo et Azedine Kebabti
Sensible et délicate, la mise en scène de "Louise en hiver" s'abandonne aux pensées et rêveries de sa protagoniste, mise en voix de façon magistrale par l'actrice Dominique Frot.
"Elle donne un caractère très plein au personnage", note Jean-François Laguionie.
En façonnant Louise, j’ai pensé à ma mère"
"Louise en hiver" a en partie été bâti en Bretagne, où Jean-François Laguionie vit et travaille. Le film est le prolongement animé d'une nouvelle écrite par le cinéaste il y a trente ans. En 2009, il a souhaité la reprendre et la développer pour l'adapter sur grand écran, d'abord en prise de vue réelle.
"En façonnant 'Louise', j'ai pensé à ma mère. Je ne crois pas que c'était le cas quand j'ai écrit la nouvelle. L'histoire, plus fantastique, racontait celle d'une vieille dame qui découvrait un vaccin contre le vieillissement", explique-t-il.
Le long métrage fourmille également de souvenirs d'enfance du réalisateur, d'histoires vécues juste après la Seconde Guerre mondiale au contact de sa grand-mère. "J'ai aimé reconstituer cette atmosphère d'enfance sauvage", dit-il.
"Louise en hiver", produit par Jean-Pierre Lemouland et Unité centrale au Canada, sortira dans les salles françaises le 23 novembre.