La manifestation d'un groupuscule d'extrême droite a réuni une quarantaine de personnes, mardi 16 mai au soir, dans le centre-ville d'Annecy. La scène, filmée et diffusée sur les réseaux sociaux, a indigné de nombreuses personnalités politiques. Le préfet de la Haute-Savoie condamne, ce jeudi 18 mai, l'organisation de ce défilé nocturne.
La vidéo a rapidement circulé sur les réseaux sociaux et a été commentée par de nombreuses personnalités politiques en l'espace de quelques heures. Sur ces images, une quarantaine de personnes, vêtues de noir, marchent de nuit, aux alentours de 22 heures, dans les rues d'Annecy avec flambeaux, drapeaux français et savoyards à la main.
Certaines d'entre elles sont masquées et entonnent "Les Lansquenets", un chant populaire depuis la fin des années 1960 dans les mouvements nationalistes français. Cette chanson, originaire de Suède puis reprise dans différentes langues par la suite, a notamment été connue en Allemagne dès le début du XXe siècle et pendant la montée en puissance du parti national-socialiste.
La vidéo tournée à Annecy montre plusieurs lieux de la ville. Le groupe s'est notamment arrêté devant l'église Notre-Dame. La scène a été tournée ce mardi 16 mai au soir, vers 22 heures, lors d'un défilé qui n'avait pas été préalablement déclaré en préfecture. Elle a été diffusée par un compte de "patriotes français" sur Twitter avec la mention "Annecy est nationaliste".
Sur ces mêmes images, les militants posent avec des fumigènes et une banderole "Face à la répression, aucune soumission".
De nombreuses réactions
De nombreuses personnalités politiques se sont indignées de ces images. Le maire d'Annecy, François Astorg (EELV), a "condamné fermement la manifestation de militants d'extrême droite (...). Elle n'a pas été autorisée et les messages qui sont véhiculés ne sont pas acceptables dans notre démocratie", a écrit l'édile sur Twitter.
La co-présidente du groupe écologiste à la Région Auvergne-Rhône-Alpes, Fabienne Grébert, a ajouté : "Cette manifestation me fait froid dans le dos dans ma ville. (...) Ça a un parfum de 1934. On connaît la suite. Que fait l'Etat pour éviter cela ? Banaliser l'extrême-droite ! La honte !"
Jean-Luc Mélenchon a également dénoncé cette vidéo : "Voilà où mène la permissivité de Darmanin pour les bandes de violents d'extrême droite qui l'acclament. De ville en ville, ça se répand."
Un défilé condamné par la préfecture
Le préfet de la Haute-Savoie a "condamné" l'organisation de ce "défilé nocturne rassemblant des participants d'extrême droite sur la voie publique, organisé dans le secret et sans déclaration préalable", dans un communiqué publié ce jeudi 18 mai dans la matinée.
La préfecture indique que des fonctionnaires de police ont opéré des contrôles d'identité sur les participants et "relevé les signes distinctifs et banderoles qu'ils arboraient".
"Ce rassemblement n’a fait l’objet d’aucune déclaration auprès des autorités publiques, raison pour laquelle il n’a pu être interdit au préalable. En effet, les risques qu’il donne lieu à une incitation publique à la haine, à la violence ou à la discrimination, constituant un délit passible de sanctions pénales, auraient pu justifier une interdiction de manifestation", explique la préfecture.
Le préfet de la Haute-Savoie rappelle, en conclusion, que "les organisateurs d’une manifestation de voie publique ont donc l’obligation légale de déclarer cette dernière et s'exposent en cas de manquement à une peine de 6 mois d'emprisonnement et de 75 000 euros d'amende".