Des dizaines d'usagers de la ligne transfrontalière entre Annecy et Genève sont révoltés contre les changements d'horaires et d'itinéraire à partir de dimanche. Reprochant de ne pas avoir été consultés, ces utilisateurs ont contacté les élus et espèrent que le changement de trajet n'aura pas lieu avant mars 2022.
Au revoir, Transalis. Bonjour, Alpbus. Dimanche, la ligne de bus T72 devient la ligne 272. Une nouvelle qui ne ravit pas Jérôme Rattin. Depuis quelques jours, il est stressé et remonté. Cet architecte remet en cause de nombreux éléments à propos de cette ligne empruntée par des centaines de Hauts-Savoyards qui se rendent en Suisse pour travailler. Soignants, pilotes, étudiants, architectes... "On est aux abois, nous sommes pris en otage", regrette l'usager.
Jérôme Rattin habite à Pringy, commune de 4 000 habitants située dans la commune nouvelle d'Annecy. Chaque matin de semaine depuis 2011, il se rend à Fillière pour prendre le bus de 6h50. Après un passage sur l'autoroute, le bus arrive théoriquement à 7h41 à Genève-Jonction où Jérôme marche ensuite 10 à 15 minutes pour débuter à 8 heures dans son cabinet.
Sauf que la circulation est souvent dense sur cet axe, et les retards quasi-permanents. "Il faut compter en moyenne une heure de plus aller/retour", estime l'architecte qui prend le bus de 18h05 pour revenir à son domicile après 19 heures. "Avec cette nouvelle ligne, l'arrêt à Genève ne serait plus desservi. Ca me rajouterait une heure de trajet supplémentaire." Deux heures de trajet en plus entre circulation et nouvel itinéraire : inconcevable pour M. Rattin.
D'autant que, dans le Dauphiné Libéré, une fois les résultats de l'appel d'offres officialisé, le directeur Auvergne-Rhône-Alpes Suisse de RATP Dev (qui possède Alpbus), Pierre Philibert, avait déclaré. "Il y a aura quelques courses supplémentaires et des ajustements d’horaires que le GLCT communiquera début décembre, mais c’est à la marge", avait répondu Jean-Pierre Philibert, directeur Auvergne-Rhône-Alpes Suisse de RATP Dev.
Les élus locaux contactés
Alors Jérôme Rattin se mobilise. Contre les nouveaux horaires "qui ne correspondent plus à nos attentes et nos engagement en tant qu'usagers". Contre les arrêts supprimés. Contre le passage par Saint-Julien-en-Genevois. Contre la non-consultation des usagers de la part de RATP Dev. Contre la non-communication du nouvel acquéreur.
Depuis lundi, il est monté dans les bus de la ligne T72 pour informer les usagers, matin et soir, de ce nouveau projet et de ses failles, selon lui. Des mails d'usagers affluent, une pétition a vu le jour. Selon lui, les chauffeurs ne sont pas au courant de leurs nouveaux horaires.
Rattin s'est également tourné vers les élus locaux, qui ont semble-t-il pris le dossier en main. Le maire d'Annecy, François Astorg, Didier Sarda, maire de Talloires-Montmin et vice-président mobilité active, touristique et territoire cyclable du Grand Annecy, ont été informés, tout comme le département et la Région, à l'origine de cet appel d'offres, que personne ne semble vraiment remettre en cause.
Isabelle Dijeau, conseillère municipale de la liste Annecy Ensemble, connaît bien ce dossier. Il y a dix ans, des usagers, dont Jérôme Rattin, s'étaient mobilisés pour être plus écoutés et pour la modification d'horaires.
Elle faisait alors partie de la majorité municipale et traitait ces dossiers. "On s'était battus pour avoir un aménagement de ces horaires", témoigne M. Rattin, qui a contacté Mme Dijeau. "C'est aberrant qu'on mette au pied du mur les usagers de cette ligne ! Il n'y avait pas d'urgence à effectuer ce changement avant les fêtes", se révolte l'élue, qui a fait tout "ce qu'elle pouvait" en contactant des élus potentiellement impliqués pour "remonter le sujet" et "vite trouver une solution".
Une commission mobilités de la Région doit se tenir jeudi soir. Ce dossier y sera abordé. Des avancées sont attendues par les utilisateurs. Si rien ne bouge, elle envisage "une opération concrète".
Une action lundi prochain ?
Lundi prochain à 6h50 à Fillière, Jérôme Rattin sera dans le bus 272 pour un éventuel blocage. Isablle Dijeau pourrait venir soutenir les usagers. Le trajet de la future ex-ligne T272 serait alors emprunté "en accord avec les chauffeurs". Et le bus s'arrêterait "aux arrêts actuels". Et si un usager était intéressé par un arrêt de la nouvelle ligne ? "On trouvera une solution par rapport au réseau de transport genevois (TPG)."
A plus long terme, l'objectif est de "sauvegarder jusqu'à fin février la lignes T72 avec ses horaires et ses arrêts, pour qu'entre temps nous les usagers puissent être entendus par la Région, les élus du Grand Annecy et les TPG, dans le but d'améliorer cette ligne et non de nous imposer un appel d'offre et des arrêt injustifiés". Le temps presse.