Dans le Grand Genève, 150 communes ont fait l'expérience de l'extinction totale de l'éclairage public dans la nuit de jeudi à vendredi. Une initiative pour sensibiliser aux méfaits de la pollution lumineuse.
Dans la nuit de jeudi à vendredi, 150 communes du Grand Genève ont tenté l'expérience d'éteindre l'éclairage public et surtout d'inciter le million d'habitants à lever les yeux au ciel.
Depuis la montagne du Salève (Haute-Savoie), à 1379 m d'altitude sur le "balcon de Genève", des dizaines de curieux ont pris de la hauteur pour voir la nuit tomber. Certains prêts à maîtriser leur peur du noir, d'autres à enchanter l'obscurité.
"C'est quand même un grand moment. Tout un territoire, sur notre petite planète qui fonce à 115 000 km/h autour du soleil, respecte l'ombre de la Terre qui est la nuit", s'enthousiasme Pascal Moeschler, conservateur au Muséum d'Histoire naturelle de Genève et initiateur de "La Nuit est Belle!".
Respecter la biodiversité
Derrière l'émerveillement suscité par cette aventure inédite, l'arrêt de l'éclairage artificiel la nuit pose aussi la question de l'équilibre écologique et biologique. L'excès d'éclairage nocturne est connu pour perturber la biodiversité. "Il modifie le rapport proie-prédateur. Ce qui est invisible devient visible et peut donc être mangé. Aussi, les insectes qui tournent autour d'un lampadaire s'épuisent et meurent plutôt que de polliniser.", détaille Eric Achkar, président de la société astronomique de Genève et initiateur de "La Nuit est Belle!".
L'éclairage public est aussi une importante source de gaspillage énergétique. En France, il représente 41% de la consommation d'électicité des communes, soit 670 000 tonnes de CO2 rejetées annuellement, selon l'ADEME.
Certes, le noir n'était pas complet. Mais cette soirée, magique, a réussi à mettre ensemble communes et citoyens français et suisses, pour observer les trous noirs dans la vallée. C'était aussi l'occasion de dépasser la peur ancestrale du noir et de tordre le cou à certains préjugés en matière de sécurité : "Il n'y a aucune corrélation entre le fait d'éteindre l'éclairage public et les cambriolages, la délinquance ou l'accidentologie sur la route. C'est même le contraire", indique Gabriel Doublet, maire (UDI) de Saint Cergues et vice-président d'Annemasse Agglo.
Un premier pas a été franchi ce jeudi pour réduire la pollution lumineuse : "Beaucoup de communes ont joué le jeu, ça a fait parler. Il faut continuer jusqu'à ce qu'un soir, on ne voit plus rien", conclut Gabriel Doublet. Il est grand temps de rallumer les étoiles.