"C'était une scène de guerre", un professeur au procès du drame d'Allinges

"C'était une scène de guerre. J'avais l'impression que nous étions après un bombardement", a décrit un professeur qui, le 2 juin 2008, accompagnait les collégiens dont le car a été percuté par un TER, à Allinges.

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Au quatrième jour du procès en correctionnelle du drame d'Allinges, ce lundi 8 avril a été consacré aux témoignages des rescapés. En matinée, un professeur d'allemand qui accompagnait les élèves a pris la parole et raconté.

Les traits tirés, Marc-Laurent Lavy a d'abord parlé des quelques secondes avant le drame. "Le car était bloqué sur le passage à niveau, nous étions en panique alors nous avons poussé les enfants au devant du car", a expliqué le professeur, "certain" que le chauffeur s'était engagé sur le passage à niveau "avant" le déclenchement du feu rouge de signalement, ce qu'avaient infirmé certains élèves lors des auditions.

Intervenants : Marc-Laurent Lavy, Professeur d'allemand, victime de l'accident; Béatrice François, Professeur d'EPS, victime de l'accident; Joanna Girard, Victime de l'accident; Maître Thierry Dalmasso, Avocat de Réseau Ferré de France

L'enseignant a ensuite narré, l'air abattu, comment il avait tenté de secourir les adolescents après le choc, se souvenant d'une des collégiennes, Joanna, "qui hurlait le martyre", avant d'aller auprès d'une autre jeune fille, Fanny, qui décèdera dans ses bras.

"Je lui ai pris la main, je l'ai accompagnée", a poursuivi de sa voix nouée le professeur, blessé au thorax et au genou. Depuis le traumatisme, il ne peut "toujours pas faire d'excursions".

Un témoignage relayé par sa collègue professeur de sports, Béatrice François, qui en découvrant la scène en sortant du car a dit s'être "retrouvée sans humanité". "J'étais un zombie, je vais de corps en corps , je ne vois plus les vivants", a déclaré le regard fixe l'enseignante.

Un autre enseignant, qui avait organisé la sortie, s'est suicidé 45 jours plus tard.


Après l'émotion, la colère


La SNCF et Réseau Ferré de France (RFF) poursuivis pour homicides et blessures involontaires, de même que le chauffeur du car, avaient expliqué vendredi ne pas avoir été alertés de la dangerosité du passage à niveau.

Le passage à niveau n°68 n'était pas classé dans la liste des 364 passages "préoccupants", établie notamment en fonction du nombre d'accidents recensés sur ces points de passage.

"Je suis en colère! Je ne connais pas les règles du business, mais qui ils étaient pour nous imposer ça", a fustigé Mathilde, jeune rescapée en s'adressant aux deux entreprises à qui elle reproche "de se cacher derrière les règles". "Il n'était pas répertorié, mais il fallait juste du bon sens", a-t-elle lancé rejointe dans sa colère par une camarade Margot, qui a a demandé que  "RFF et la SNCF assument leurs erreurs".

"Il est décevant que M. Pepy ne soit pas là ! On parle pas d'argent mais de la vie de sept jeunes, il peut être un peu plus humain", a-t-elle ajouté, alors que le président de la SNCF cité comme témoin, a fait savoir la semaine dernière qu'il se ferait représenter.


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