Le lac blanc, point de vue emblématique sur la vallée de Chamonix, draine plus d'un millier de promeneurs chaque jour en pleine saison estivale. Certains tirent la sonnette d'alarme tandis que les autorités réfléchissent à des solutions pour réguler l'accès au site.
C'est l'une des balades les plus prisées en Haute-Savoie. Et pour cause, le site est une véritable carte postale de la vallée de Chamonix avec la chaîne du Mont-Blanc en toile de fond. Il accueille toujours autant de promeneurs venus rejoindre, en moins d'une heure et demie, celui qu'ils ont forcément déjà vu. Le lac blanc, sujet de nombreux clichés, est une célébrité à travers le monde.
"Le lac blanc, c'est plus facile, plus praticable que d'autres endroits. Et c'est magnifique. Il y a une vue sur le Mont-Blanc, sur les glaciers", décrit un randonneur. Ici, à 2 352 mètres d'altitude, les promeneurs se croisent, se suivent et s'entassent parfois. Le site est toujours aussi fréquenté avec environ 1 500 personnes par jour en ce mois d'août.
"Je suis surpris. Je suis venu il y a une trentaine d'années et ça ne ressemble plus du tout à ce que j'ai connu, s'étonne un promeneur. Il n'y avait qu'un seul lac, pas deux. Et là, c'est un peu le périphérique aux heures de pointe, ce qui n'était pas le cas à l'époque. Mais ça reste une très belle balade avec une vue splendide sur toute la vallée de Chamonix."
Grandiose, sans aucun doute, mais surtout fragile. "C'est comme la Mer de Glace, on s'est fait la réflexion en y allant. Quand on voit les centaines de personnes qui y entrent, on se demande pourquoi on continue. C'est l'économie qui tourne. Après, mes deux ados ont pris conscience de beaucoup de choses en le voyant donc bien sûr, on est mitigé", résume une mère de famille.
Des solutions à l'étude
Le lac blanc est au cœur de la réserve naturelle nationale des Aiguilles rouges. Un petit bijou que Fred Charlet, le gardien du refuge, s'efforce de protéger. Mais depuis quelque temps, il est à l'image du lieu, calme mais perturbé.
"Sur le kilomètre carré qui nous entoure, il y a beaucoup trop de gens qui essayent à tout prix de se baigner dans ce lac, regrette Fred Charlet. On se bat tous les jours pour faire respecter un semblant de bon sens (…) Ce qui m'étonne, c'est que nous, les propriétaires privés, tirions le signal d'alarme. On est en pleine réserve naturelle et visiblement, il n'y a aucun service de l'Etat qui s'en préoccupe. Je trouve cela déplorable."
Le maire de Chamonix affirme qu'il faut renforcer les moyens sur place pour lutter contre la surfréquentation du site. Mais l'édile réfléchit au problème de façon plus globale. "On ne peut pas instaurer un quota comme dans les calanques parce qu'on n'est pas sur un site limité. On est sur une vallée avec des axes internationaux. Ce qu'il nous faut, ce sont des moyens plus puissants, plus interventionnistes. Pourquoi pas un système de type péage urbain", suggère Eric Fournier.
Des outils de régulation en bas de vallée, c'est l'une des solutions proposées par l'élu. En attendant, les excursionnistes continuent d'affluer. Car ce qui a changé, ce sont bien ces touristes à la journée qui augmentent. La première clientèle de la vallée, contrairement à ce que l'on pourrait penser, reste originaire de Haute-Savoie.