Partis le 8 juillet dernier, Frédéric Degoulet et Benjamin Ribeyre ont fait le tour de la Mer de Glace, le plus grand glacier de France, par les sommets. Un exploit réalisé en 9 jours.
Frédéric Degoulet et Benjamin Ribeyre ont le visage et le sourire de ceux qui ont surpassé leurs capacités, qui sont allés puiser toutes leurs forces dans le physique et le mental pour enfin clore une aventure qu'ils avaient déjà tentée au début de l'été 2021 : l'ultra traversée de la Mer de Glace, dans le massif du Mont-Blanc.
A cette époque, les conditions quasi hivernales ne leur permettent pas de poursuivre leur rêve, les deux guides de haute montagne n'ont alors d'autre choix que de renoncer pour tenter à nouveau cette expédition tant attendue, ce 8 juillet 2022.
Cet été, les conditions sèches leur ont permis de se déplacer plus rapidement tout en étant beaucoup plus légers. La vague de chaleur actuelle n’a pas seulement ajouté des avantages, car le soleil de plomb et les journées chaudes ont déstabilisé le terrain le long de la majeure partie de la traversée et les ont obligés à boire 5 à 6 litres d’eau par jour, le tout à partir de la neige fondue et de la glace qu’ils pouvaient trouver.
Ce voyage au long cours pour profiter de la montagne et redécouvrir un massif a été dur physiquement et mentalement. Physiquement pour l’effort à produire pour avancer et mentalement par rapport à la dégradation des conditions de la montagne dans certains secteurs.
Frédéric Degoulet
La traversée a emmené les deux alpinistes du centre-ville de Chamonix (Haute-Savoie) jusqu’à l’Aiguille Verte, les Droites et les Courtes, avant de se déplacer sur la frontière franco-italienne de la Pointe Isabelle, l’Aiguille de l’Eboulement et Leschaux.
Frédéric Degoulet et Benjamin Ribeyre ont ensuite traversé les Petites et Grandes Jorasses, la crête de Rochefort, les plus petits sommets séparant l’Italie de la France, l’arête Kuffner avant de finir la boucle par une traversée complète des aiguilles de Chamonix et enfin descendre en ville. Au total, ils auront donc avalé 54,6 km en 9 jours et 96 heures d'escalade.
Réussir ce projet est une combinaison de facteurs et de chance aussi difficile que de gagner au loto. Avoir le bon compagnon de cordée, les bonnes conditions sur le terrain, la météo clémente pendant une dizaine de jours et ne pas se faire mal malgré la médiocre qualité du rocher est une chance inouïe !
Benjamin Ribeyre
De retour de leur expédition des images plein la tête, les deux guides de haute montagne ont désormais rejoint leurs camp de base : l'un à Chamonix, l'autre à La Grave .
Déjà détenteurs d'exploits (ascension de la face sud de la Nuptse au Népal pour Frédéric Degoulet qui lui aura valu le Piolet d'Or en 2018), l'Arctic 12 pour Benjamin Ribeyre (12 montagnes de plus de 2 000 mètres dans le cercle polaire arctique suédois), on se dit que ces deux là n'ont pas fini de nous surprendre.