Cette photographie du Mont-Blanc a reçu le troisième prix des Epson Pano Awards. Elle est signée Bernard Tartinville qui l'a réalisée pour l'office du tourisme de Saint-Gervais. Retour sur les coulisses d'une prise de vue extraordinaire.
On dit d'une photo que c'est un "instantané", la capture éphémère d'un paysage, la saisie furtive d'une lumière. Un instantané emprisonné à jamais en quelques centièmes de secondes. Ce cliché de l'arête des Bosses sur la voie normale d'ascension du Mont-Blanc dit tout cela. Mais il raconte aussi une autre histoire, celle du travail nécessaire à sa mise en oeuvre.
Un défi physique et technique
Il faudrait pouvoir montrer le contre-champ. Derrière l'objectif, Bernard Tartinville, photographe professionnel de 52 ans. A ses côtés, Christophe Delachat, guide de haute-montagne et son frère Jocelyn, transformé en porteur. Car pour réaliser ce cliché, quarante kilos de matériel ont dû être apportés à 4809 mètres d'altitude, à dos d'hommes. Et ce, à quatre reprises. Une performance physique nécessaire pour réaliser les photos panoramiques de la visite virtuelle du Mont-Blanc, commande de l'office de tourisme de Saint-Gervais."Les visites virtuelles que je réalise sont faites avec des appareils photos et non avec les caméras à 360 degrés qui existent aujourd'hui", précise Bernard Tartinville. "Une exigence de qualité avec laquelle je ne voulais pas transiger" malgré le poids du matériel.
Des appareils photos mais aussi....un fil à plomb !
Pour réaliser ces photos immersives, le photographe prend en effet "jusqu'à 24 photos que je vais coudre ensemble pour reconstituer une sphère" à 360 degrés. Chaque prise doit être littéralement "millimétrée, au degré près" grâce à une rotule 3D mais aussi un fil à plomb et un niveau à bulle.
"Si vous êtes sur le sol d'une église, dans le sud, en tongues, il faut faire attention à ces réglages mais avec l'habitude ce n'est pas un problème. Se retrouver sur une arête et sur un terrain instable qui n'est pas plat, c'est autre chose" confie le photographe.
Quatre ascensions du Mont-Blanc pour ce projet
Bernard Tartinville ne vit pas dans les Alpes, mais sa famille est originaire de Saint-Gervais, où il vient en vacances depuis 50 ans. Il avait déjà réalisé l'ascension du Mont-Blanc en 1987.Entre juin et septembre 2018, il y est donc retourné quatre fois. "J'ai eu la chance d'être au sommet du Mont-Blanc à toutes les heures de la journée" pour capter l'évolution de la lumière sur la neige.
A toutes ces heures passées en montagne s'ajoutent des centaines d'autres devant l'ordinateur pour faire l'assemblage des panoramas mais aussi pour retoucher les photos. "Je revendique l'utilisation de Photoshop, cela me permet de vous présenter MA photo, avec les couleurs et les lumières que j'ai choisies, pas celles que les ingénieurs de Canon ou de Sony auront décidées pour moi".
Une troisième et une quatrième place pour ses photos au concours
Un travail de longue haleine qui a fait mouche. Pour sa première participation au concours international de la photographie panoramique, les Epson Pano Awards, Bernard Tartinville a envoyé huit photos. Six ont été récompensées, dont celle de l'arête des Bosses qui s'est classée troisième dans la catégorie VR/360, celle du refuge de tête rousse quatrième.1452 photographes de 96 pays étaient en lice avec un total de 5859 photos. "Ce qui me fait plaisir, c'est une reconnaissance de la part de mes pairs car c'est un jury de spécialistes. Donc, ça valide les efforts et la techniques mis en oeuvre pour arriver à ce résultat".