Depuis 1994, Christine Janin et son association A chacun son Everest accueillent des enfants et des femmes dans la période de l’après-cancer. Ils organisent des séjours autour du sport et de la confiance en soi. Plus de 7 000 personnes ont été accompagnées ces 30 dernières années.
La recette miracle pour être heureux n’existe pas, mais dans la maison de l’association À chacun son Everest le mot d’ordre est simple : “Ce qui marche ici, c’est beaucoup d’amour, de la bienveillance, du non-jugement”. Cette méthode est décrite par Christine Janin, elle qui est devenue la première Française à gravir l’Everest en 1990 et qui a créé cette association quatre ans plus tard.
L’objectif : aider des enfants et des femmes à se reconstruire après avoir lutté contre le cancer. D’abord réservée aux enfants en rémission, l’association accompagne également des femmes dans cette vie d’après-cancer depuis 2011. Ce moment où les soins médicaux se terminent et où le retour “à la vie normale” est parfois compliqué à envisager. À chacun son Everest met en place des séjours alliant activités sportives et moments de bien-être dans une maison adaptée pour tous.
"Les femmes et les enfants d’abord"
Tout commence lorsqu’on propose à Christine Janin d’accompagner des enfants malades en montagne. “Très vite, j’ai fait le parallèle entre la montagne et la maladie. Certains m’ont écrit que je les avais aidés à retrouver le chemin de la guérison”, se rappelle l’alpiniste. Pendant 20 ans, l’association encadre des milliers d’enfants à chaque vacance scolaire. “Puis à force, c’était comme une évidence de s’occuper aussi des femmes”, raconte Christine Janin.
Dès le premier séjour, j’ai constaté que ces femmes étaient dans un état de solitude. J’ai compris qu’il fallait les accompagner pour les faire repartir fières, légères, après ce qu’elles avaient vécu.
Christine JaninAlpiniste et créatrice de l'association À chacun son Everest
Forte de son expérience avec les enfants, l’association s’est adaptée à ce nouveau public : “J’ai ajouté tous ces soins de support : du yoga, de la méditation, de la sophrologie, des massages, de l’accompagnement psychologique, un shooting photo pour travailler sur l’image de soi”, détaille la présidente de l'association. “Ici, on leur permet de souffler, de se reposer, de partager, de rire et aussi de pleurer”, ajoute-t-elle.
Soigner le "chimio blues"
Prendre en charge ces personnes permet de les accompagner vers leur nouvelle vie, ce moment où les traitements diminuent, où la prise en charge est moins soutenue… “Pendant le traitement actif, les patientes sont bien encadrées. Mais à la fin, du jour au lendemain, elles se retrouvent seules. Souvent, les proches font comme s’il ne s’était rien passé et parfois, c’est un petit peu difficile, c’est ce que j’appelle le 'chimio blues'”, décrit Dominique Mille, oncologue à l’hôpital de Chambéry et bénévole dans l’association. “Leur maladie, c’était leur Everest et maintenant, il va falloir vivre avec, comprendre que ce ne sera plus comme avant”, développe Christine Janin.
Et la formule semble fonctionner : “C’est beaucoup d’échanges, un cadre exceptionnel, de supers accompagnants. Christine est une femme super inspirante. Se retrouver dans un groupe avec qui on a partagé les mêmes choses, on a le même vécu, ça rapproche beaucoup”, raconte Laura qui a participé à un séjour. “On ne s’en rend pas forcément compte mais ce type de semaine, c’est très important. On dépose une grande partie de nos bagages ici”, complète Anne Chaumard, qui a elle aussi été encadrée par l’association. Depuis 30 ans, A chacun son Everest s’est occupé de 4 962 enfants et 2 301 femmes. Et le chemin ne semble pas prêt de s’arrêter.