La cordée chamoniarde composée d'Aurel Lardy et Eric Jamet a réussi l'exploit de descendre la ligne "Vire de Lune", située dans l'Aiguille du Chardonnet, pour la première fois depuis son ouverture en 2016. Une prouesse qui mélange ski de pente raide et alpinisme.
C'est une ligne de 850 mètres de long à près de 55 degrés et qui demande deux longueurs d'alpinisme. Mais c'est surtout une ligne esthétique, aérienne, technique au coeur du granit de l'Aiguille du Chardonnet. Mi-mai, les skieurs de pente raide, Eric Jamet et Aurélien Lardy sont venus à bout de "La vire de Lune" dans le massif du Mont-Blanc.
Une prouesse, mais aussi une première depuis son ouverture en 2016 par un certain Kilian Jornet, alors accompagné du skieur et guide de haute montagne, Vivian Bruchez. Cette ligne, située dans la face sud-ouest de l'Aiguille du Chardonnet (3 824 mètres), demande "une longue montée et de la réflexion pour trouver l'itinéraire", raconte "Aurel" Lardy.
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"Je n'étais pas en forme, j'ai même fait deux hypoglycémies. Eric m'a vraiment porté, il a été d'un soutien incroyable. Puis, les passages d'alpinisme sont exigeants. On a dû passer deux heures à manipuler des cordes", se souvient le Chamoniard. Mais l'effort en valait la peine : "C'est une ligne absolument magnifique. On a été suspendus dans le temps en face du bassin d'Argentière."
Alpinisme et pente raide
Aurel Lardy guettait cette ligne depuis de nombreuses années : "En 2016, quand ça avait été ouvert par Kilian Jornet et Vivian Bruchez, je commençais à peine le ski de pente raide. Je venais de faire ma transition du ski classique à de la haute montagne. Et je me souviens que ça avait fait grand bruit car cette ligne mélangeait du pur alpinisme à du ski de pente raide. Certains désapprouvaient, mais c'était unique. Moi, je trouvais que c'était visionnaire. J'aime ces sorties qui demandent beaucoup de technique."
Cet hiver, le skieur a rongé son frein avant de pouvoir finalement se lancer du haut de l'Aiguille du Chardonnet : "C'était ma troisième tentative de l'année. Les deux premières fois, ça ne l'avait pas fait. La neige était trop hivernale, les conditions trop difficiles. Là, les conditions étaient bonnes. La neige se tenait le matin pour la montée, et l'après-midi, elle s'était un peu transformée. La neige de printemps était beaucoup plus skiable."
"Si je l'ai tenté trois fois cette année, c'est parce que je n'ai rien lâché. C'était une ligne de rêve pour moi, et ça a été le point final de quelque chose", poursuit-il.
Aurel Lardy n'en est pas à son premier fait d'armes cet hiver. En février, il avait réalisé la descente de la face sud de l'Aiguille du Moine, toujours dans le massif du Mont-Blanc, en compagnie de Jules Socié et Damien Arnaud. Là aussi, la performance avait fait grand bruit 37 ans après l'ouverture du pionnier Jean-Marc Boivin.