Un report des soldes est en discussion entre les acteurs économiques du secteur et le ministère de l'Économie. En Haute-Savoie, dans le village touristique de Samoëns, certains commerçants indépendants y sont favorables.
Les soldes pourront-ils sauver les commerçants ? Nombre d'entre eux est favorable à un décalage des soldes d'été courant juillet afin de préserver leurs marges, en pleine crise du coronavirus. Car le confinement a lourdement impacté les grands chausseurs comme Eram, qui a perdu "160 millions d'euros" depuis mi-mars, mais surtout les indépendants.
Dans l'arrière-boutique de son magasin de chaussures à Samoëns (Haute-Savoie), Béatrice Pelissier navigue entre ce qu'il reste d'un hiver avorté le 15 mars, et le stock qui devrait déjà être à la vente en ce début de printemps. Des stocks qui s'accumulent et qu'il faudra écouler rapidement, au prix fort.
La commerçante compare sa situation avec celle des restaurateurs, également très touchés : "C'est (l'équivalent de) milliers de frigos qui sont pleins et qui ne sont pas prêts d'être vidés puisque ce stock, on ne le vendra peut-être que l'année prochaine." Si ses chaussures ne sont pas vraiment périssables, elles restent dépendantes de la mode et de la saison. Alors les détaillants en chaussure comme Béatrice ont dû innover durant cette période, notamment en ouvrant un drive.
Le Maire "ouvert" à un décalage des soldes
Le ministère de l'Économie et des finances a confirmé, mardi 5 mai, que les entreprises de moins de 10 salariés fermées seront exonérées de charges patronales pendant le confinement. Une bonne nouvelle pour les indépendants dans le secteur de la chaussure qui emploie 14 000 personnes. "Mais je crains, en septembre-octobre, la menace d'une fermeture définitive de certains magasins", ajoute Cendrine Lacotte, présidente de la Fédération des détaillants de la chaussure.
Les indépendants en appellent donc à la solidarité, notamment de la part des grandes enseignes pour décaler la date des soldes. "On voudrait qu'ils soient fin juillet, ce qui permettrait de vendre un petit peu avec une marge, parce que sans marge, on ne peut plus vivre. Mais (les grandes enseignes) ne sont pas d'accord parce qu'elles ont fait rentrer de la marchandise pour les soldes, donc elles veulent les laisser à la date du 24 juin. Mais pour nous, les indépendants, ce n'est pas possible, on n'aura rien vendu à cette date", déplore Béatrice Pelissier.
Les soldes d’été doivent se dérouler du 24 juin au 21 juillet en Haute-Savoie. Mais plusieurs fédérations de commerces réclament que cette période soit reportée ou allongée pour mieux relancer l'activité. Le ministre de l'Économie Bruno Le Maire s'est dit "ouvert" à cette option jeudi, souhaitant "que les différents commerces concernés puissent trouver un compromis pour (lui) proposer de nouvelles dates sur la date des soldes."
Ce sujet devra de toutes les façons être tranché rapidement car "la consommation ne va pas reprendre tout de suite", a affirmé à l'AFP la déléguée générale de la Fédération française de la franchise (FFF), Véronique Discours-Buhot. Une tendance que confirme une étude effectuée par la société Bonial, spécialisée dans le marketing numérique pour la distribution : 52% des consommateurs prévoient ainsi de faire des économies après le confinement, en rognant sur les vacances et loisirs (57%), la restauration (51%), le prêt-à-porter (50%) ou encore l'alimentaire (45%).