"Des patients restent parfois des jours dans les couloirs" : une grève illimitée débute aux urgences des Hôpitaux du Léman

Une grève illimitée a débuté ce mercredi 18 décembre dans le service des urgences des Hôpitaux du Léman à Thonon-les-Bains. Le personnel soignant est à bout. En cause : un manque de lits et de plus en plus de patients qui "stagnent" dans les couloirs des urgences.

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Les urgences hospitalières sont saturées. Ce constat, dressé à l'échelle nationale, trouve son écho aux Hôpitaux du Léman à Thonon-les-Bains (Haute-Savoie). Dans l'hôpital chablaisien, il est courant de voir des patients en attente de prise en charge dans les couloirs.

"Certains se trouvent sur des brancards ou des chaises. Ils peuvent y rester des heures voire des jours", explique Sandrine Bordet, secrétaire générale du syndicat Force Ouvrière des Hôpitaux du Léman. Elle cite même l'exemple d'un patient resté 100 heures dans les couloirs. Alerté par les employés, FO a décidé d'une grève illimitée à leur demande qui débute ce mercredi 18 décembre.

120 passages par jour en moyenne

Pas assez de lits ni de box disponibles pour pouvoir ausculter ceux qui arrivent. Et ils sont de plus en plus nombreux. "Notre service est construit pour recevoir 80 passages par jour. Aujourd’hui, on est plutôt à 120 avec des pics à 180 passages journaliers", illustre Sandrine Bordet. "Avant, on avait des saisons hautes et basses. Aujourd'hui, c'est un flux tendu de patients", ajoute Force Ouvrière. Des arrivées plus nombreuses dues au vieillissement de la population du Chablais et aux pénuries de la médecine de ville. Au total, près de 40 000 passages aux urgences sont comptabilisés chaque année, selon la direction des Hôpitaux du Léman.

Les locaux, vétustes, peinent à accueillir ces patients en attente d'hospitalisation. Des box ont été aménagés entre les urgences et le service de radiologie, mais les lits manquent à l'appel. Un problème retrouvé dans l'ensemble des hôpitaux publics. En France, près de 80 000 lits ont fermé ces 20 dernières années.

Une situation plus qu'inconfortable pour les patients et qui provoque une surcharge de travail pour un personnel épuisé. Le service compte sur six médecins, une vingtaine d'aides-soignants et quarante infirmiers. Pour l'instant, aucun arrêt maladie n'a été posé mais les élus FO alertent sur les risques psychosociaux "bien réels" pour le personnel. En moyenne, selon eux, un infirmier reste en moyenne deux ans aux urgences avant de partir ailleurs. Le service forme des soignants en sortie d'école mais ceux-ci ne restent pas à l'hôpital, tant les conditions de travail sont délétères. Quant aux départs à la retraite, ils sont pour l'instant tous remplacés.

Système "à la dérive"

Une première "réunion de crise" a eu lieu ce matin avec la direction des Hôpitaux du Léman. Les salariés des urgences demandent une personne supplémentaire par jour pour aider à mieux gérer les patients. Mais le plus gros problème reste le nombre de lits. "La direction ne peut pas faire des miracles, c'est tout le système de santé qui part à la dérive", se désespère Sandrine Bordet. Parmi les pistes abordées : transformer des chambres simples en double "pour donner un peu de souffle" aux agents.

Malgré le caractère illimité de la grève, elle n'aura pas d'impact sur les patients. Le personnel est "assigné", et les effectifs sont maintenus. Le syndicat espère voir arriver une aide hôtelière dans les urgences afin de donner régulièrement à boire et à manger aux patients en attente aux urgences. Surtout à l'approche des vacances scolaires, période chargée dans ce service.

Dans un communiqué, la direction rappelle à la population et aux touristes de ne "pas se présenter spontanément aux urgences mais de contacter le Samu au 15". Elle pointe des efforts sur le plan "humain et matériel" pour améliorer les conditions de travail mais note que "ces efforts conséquents sont insuffisants pour faire face à la crise générale que traverse le système de santé français, crise qui est criante dans notre territoire". Enfin, selon elle, l'ouverture de lits durant les fêtes de fin d'année est rendue "difficile" en raison des congés des soignants.

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