Originaire de Bienne, au nord-ouest de la Suisse, Nemo a fait un passage remarqué sur la scène de l'Eurovision, samedi 11 mai. Dans une édition perturbée par une polémique liée à la présence d'Israël, il a défendu un texte très personnel, "The Code", relatant son parcours d'artiste non-binaire.
C'est une surprise, et une première dans l'histoire du concours. L'artiste non-binaire (qui ne se reconnaît ni comme homme, ni comme femme) Nemo, 24 ans, a remporté, samedi 11 mai, le concours de l'Eurovision, avec sa chanson "The Code". L'interprète a offert à la Suisse son troisième titre, trente-six après la victoire de Céline Dion et son tube "Ne partez pas sans moi", avec un total de 591 points. Suivi par la Croatie et l'Ukraine.
La France, représentée par le chanteur-compositeur Slimane, se classe au pied du podium, dans une édition 2024 marquée par une polémique sur la participation d'Israël, en plein conflit au Proche-Orient. “J'espère que ce concours tiendra ses promesses et continuera de défendre la paix et la dignité de chacun dans le monde”, a indiqué le lauréat en recevant son trophée.
"Bienvenue au spectacle"
Lors de la traditionnelle parade d'ouverture de la compétition, Nemo n'a pas défilé avec le drapeau de la Suisse, mais celui de la fierté non-binaire, aux couleurs jaune, blanc, violet et noir. "J'ai été obligé de passer en douce mon drapeau", a déploré Nemo, suite à sa victoire, estimant que l'"Eurovision a besoin de changer un peu" dans son mode de fonctionnement.
Sur la scène de Malmö, en Suède, l'artiste a ébloui le public et les jurés par sa prestation. Un mélange d'influences pop, rap et lyrique. Juché sur une plateforme tournante, l'interprète a raconté "le voyage [qu'il a] commencé en réalisant que je ne suis ni un homme ni une femme", expliquait-il au Temps en février, dans son titre "The Code". "Bienvenue au spectacle, faites-le savoir à tout le monde / J'en ai fini de jouer le jeu, je vais me libérer de ces chaînes."
Télécrochet, trophée et disque d'or
Dans la ville natale de Nemo, Bienne, située au nord-ouest de la Suisse, sa performance était très attendue : plusieurs centaines de spectateurs s'étaient réunis pour suivre en direct le concours. Participer à l'Eurovision était pour l'artiste "une chance immense de construire des ponts entre les cultures et les générations", a-t-il déclaré au Temps. "C’est pourquoi il est très important pour moi de m’y engager comme personne "queer" pour toute la communauté LGBTQIA +."
Le concours européen n'était pas la première scène de l'interprète : Nemo avait déjà fait un passage remarqué dans l'équivalent suisse de La France a un incroyable talent, en 2015. Suivront un EP, Clownfish, sorti la même année, et le Swiss Award du "meilleur talent" en 2017. Ses tubes rap, "Ke Bock, Du" et "Himalaya" lui ont aussi permis de gagner des disques d'or et de platine.
Voir cette publication sur Instagram
L'artiste suisse écrit aujourd'hui principalement en anglais et vit à Berlin (Allemagne). Visiblement encore très ému, Nemo a voulu remercier ses fans sur Instagram, samedi 11 mai, dans un message très personnel. "Je suis tellement reconnaissant pour votre soutien. Merci d'avoir écouté mon histoire, l'histoire de tant d'autres personnes. N'oubliez pas d'être bons les uns envers les autres. L’amour finit toujours par gagner.”